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[Roman Illustré] The Strange Cases of Rabbit Kyoami

Démarré par Wizzy, 21 Novembre 2022 à 18:51:38

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Wizzy

21 Novembre 2022 à 18:51:38 Dernière édition: 06 Septembre 2024 à 10:31:04 par Wizzy
Hello la Sphère,

Voici la fantrad et l'indexation des liens d'une fanfic Infinity du forum officiel, écrit par Borisgreymenace, et qui s'est transformé en roman illustré avec l'aide de Unclesrouce qui a bossé avec une IA de génération d'images pour la partie BD.

Il y'a également un Set de Missions pour jouer dans le cadre de cette fanfiction, j'ai de mon côté fait une mise en page en pdf si ça vous tente :
http://www.bureau-aegis.org/forum/index.php?topic=16952.0

Et la version en pdf du roman illustré est ici :
https://www.cjoint.com/c/NIgkEwoBF5V


The Strange Cases of Rabbit Kyoami

Post: https://forum.corvusbelli.com/threads/the-strange-cases-of-rabbit-kyoami.41265/



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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 1

CitationJack Watson est le plus grand détective vivant, peut-être le meilleur depuis que la profession existe. Ses cas sont célèbres, ses solutions inattaquables et ses brillantes déductions copieusement accueillies. Mais pour ceux qui ne peuvent pas se permettre le meilleur et qui sont prêts à se contenter d'un détective qui, sur la plupart des listes, oscillerait juste en dessous de la moyenne, Rabbit Kyoami est disponible pour pas cher.




Affaire 01 - CAT'S CRADLE

Les affaires se font rares ces temps-ci...

Depuis son bureau/appartement situé dans le deuxième grand dôme de Bakounine, juste assez loin de Vaudeville pour ne pas être à la mode, mais assez près pour attraper des débris flottants au large des déferlantes, Rabbit Kyoami est plongé dans un re visionnage des Incroyables Aventures de Candy Double. À la poursuite de l'ineffable, il espère saisir le moment précis du sensadrama où l'actrice originale est tuée et remplacée par une nouvelle actrice dans un Lhost cloné. La perspective d'une double de la Double n'est pas une théorie populaire auprès des fans. Cette affirmation véhémente pèse même comme un boulet sur l'énergie sociale de Rabbit, et lorsqu'il l'a postée pour la première fois sur le réseau local de son culte, son niveau logarithmique dans le système de classement de l'énergie sociale s'est effondré si fort qu'il en a perdu son ancien bureau/appartement. Une raison suffisante pour l'avoir poussé à se rétracter de sa théorie marginalisée, mais Rabbit jurerait qu'il peut sentir un changement dans Candy qui est plus profond que la nuance performative. Une transition de l'être qui n'est pas tant transformatrice qu'une convergence de deux esprits, chacun s'élevant par des chemins différents vers la même icône sacrée.


https://ibb.co/0Fpt6xP


Afin d'éviter la surcharge du spectateur, les producteurs ont l'habitude de condenser les sensations les plus immersives dans des montages comme des mise en bouche. De tels clips seraient le meilleur endroit pour cacher un échange d'actrice et pour familiariser subtilement le public avec la double. Tout ce qu'il faudrait, c'est des images de la première actrice de la scène entrecoupées de prises de la nouvelle interprète en gros plans serrés, excluant les autres acteurs. En alternant coupe après coupe, cela mélangerait les performances en un tout indiscernable pour le spectateur. Les personnes non averties acceptent cette continuité. Mais Rabbit est accordé sur une fréquence différente, capturant les formes d'onde d'une vérité à peine perceptible sous le subterfuge d'une production lissée et d'une immersion confortable.

La séquence en question montre Candy, qui vient d'être capturée par les forces de l'Armée Combinées dans la Zone d'Exclusion Ariadnaise, prononçant un discours pour le moins provocateur. Ses ravisseurs semblent s'élever de manière menaçante, lorsque soudain la charge de cavalerie aérienne USAriadnaise brise l'horizon. De la première salve de roquettes des drones Vulture et des hélicoptères d'attaque Black Eagle jusqu'à l'arrivée de l'héroïne Grunt de l'USARF sur le terrain, il y a un clip de quatre-vingts secondes où la Force de Contact Onyx se replie en position défensive, en utilisant la pollution nanotechnologique de la Brume Noire d'Aube comme couverture. Ils entraînent Candy à travers ces résidus tragiques des Conflits Commerciaux Ariadnais et c'est à partir du moment où elle entre dans le nano-nuage, que le réalisateur abandonne le récit pour laisser la place à une cacophonie de sensations.

Rabbit est consumé par le cri modulé par les nanomachines semblant vouloir dévorer la star vedette de la série, fouetté en partie par le vent froid provenant de la Mer des Fileuses, combiné à la turbulence des avions venant en sens inverse. Bien que son manteau soit conçu pour résister à des températures proches de l'arctique, la brume est bien pire. Des vrilles de nanomachines traversaient les néo fibres de son manteau, lacérant peu profondément sa peau, chacune donnant un gout de piqûre tourbillonnante. Les griffes de son ravisseur extraterrestre s'enfoncent dans son biceps sous la poussée d'une urgence impérieuse et vaine, Candy étant plus un butin qu'un prisonnier, une diversion qu'une demoiselle en détresse, tandis que l'air se réchauffe sous les coups de feu et les explosions occasionnelles qui se rapprochent en dépit de leur repli. Elle sent le métal dans l'air. Des nanites, peut-être. Ou du sang. Et il y a l'odeur de quelque chose, pas seulement d'un mystère, mais d'une terrible révélation sur le point d'éclater...

Le nez de Rabbit se contracte aussi. Il sent quelque chose de proche, quelque chose qui n'est pas de la sensa-série. Il enlève alors son appareil de sensa-translation pour découvrir une femme assise, les jambes croisées, de l'autre côté de son bureau. Elle porte une veste du Quartier Ultraviolet avec un col si grand qu'il semble envelopper sa tête, toute sa tenue était conçue pour accentuer sa silhouette, de telle sorte que les yeux de Rabbit sortaient presque de ses orbites comme s'il était immergé dans un autre type de sensa-série.


https://ibb.co/xXwCJYn


« J'espère que je ne vous interromps pas, M. Kyoami... ? »

Rabbit paramètre son halo social et son statut de streaming sur privé. Il se reprend pour montrer un comportement professionnel, se raidissant sur sa chaise et croisant les mains devant lui comme un pénitent prêt à réciter le catéchisme funeste de Sainte-Marie du Couteau.

« Pas du tout. Je réalise juste quelques recherches sur une autre affaire. Que puis-je faire pour vous ? »

« Eh bien, c'est quasiment embarrassant à dire ça à haute voix, mais j'ai perdu mon chat. »

Rabbit se remémore ce qu'elle vient de dire et jurerait qu'elle a dit quelque chose d'autre.

« Pouvez-vous répéter ? »

La femme sourit. « Volontiers. Je cherche mon chat. J'ai entendu dire que vous aidiez les gens à retrouver leurs objets perdus. »

Rabbit se débarrasse des significations divergentes le temps d'acquiescer. Il a encore besoin d'un médicament et saisit une tabatière ancienne posée sur son bureau. Les gravures du couvercle représentent une oasis d'Al Medina avec une série de parasols tordus abritant les voyageurs perdus lors de la colonisation initiale de Bourak. À l'intérieur se trouvent du papier à cigarettes et quelques grammes de haschisch du Bayram, qu'il commence à rouler pour obtenir un spliff en forme de batte de base-ball. Avec la précision d'un bonchero, il transforme le gros bout en une puissante mèche et colle l'extrémité du filtre au coin de ses lèvres.


https://ibb.co/kxDzx8K


« Je suis en effet connu pour... », Rabbit ouvre les tiroirs de son bureau à la recherche d'un objet « réunir des gens avec des effets personnels qui ont été séparés de leur possession ou... »

Elle tend alors la main sur le bureau et ramasse le briquet qui se trouve en fait à côté de la tabatière et le porte à ses lèvres. Rabbit se penche et tire une longue bouffée.

« Égaré ? » termine-t-elle.

Rabbit fit un clin d'œil. « C'est le cas, non ? »


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« Avez-vous une photo de votre chatt- ? » Il aspire une autre longue bouffée et la retient de peur que quelque chose de plus stupide ne tombe de sa bouche.

« Bien sûr ! ... », la courbe de son sourire prend une tournure ironique et elle montre un dossier en RA. Il aperçoit l'énergie sociale de la jeune femme, un bon six mille et plus. C'est son jour de chance de trouver un tel client pour un travail aussi simple.

Le chat en question semble être un chat noir ordinaire avec des yeux bleus verts et quelques notes d'éleveur. Rabbit fait un rapide scan et classe les détails avec Omikuji, son geist. Sous certaines lumières, le pelage apparaît de couleur rouille tandis que les racines blanches des poils de la fourrure du félin font l'effet d'une fumée noire au lieu d'un vrai noir. Tout est utile, possiblement, mais pour Kyoami, la caractéristique déterminante de la photo est un collier avec une étiquette qui ressemble à un circuit imprimé épais d'environ deux pouces et demi de long. Cela semble être beaucoup d'équipement à porter sur le cou d'un simple chat.

Il lui passe sa cigarette qu'elle l'accepte. La fumée roule de ses lèvres rouges en doux panaches qui dansent dans l'air. Elle le regarde droit dans les yeux avec ses yeux bleus verts.

« Y a-t-il autre chose dont vous avez besoin comme une photo ? » Elle décroise et recroise ses jambes. Rabbit commence à tousser de manière incontrôlable alors que la fumée est expulsée de sa poitrine. Ses yeux pleurent alors qu'il se conspue pour reprendre son souffle. Elle tire une deuxième bouffée alors qu'il essaie de se calmer.

« Non... ceci... est... bien... rien... de spécial... comme... le... col-... ? »

Elle propose de lui rendre sa cigarette comme l'étiquette l'exige, mais Rabbit l'éloigne alors qu'il tente d'empêcher ses poumons de galoper hors de sa gorge. Elle se penche en arrière avec un regard d'appréciation.

« Non. C'est une pièce sentimentale. »

Rabbit tape du poing sur la table tandis que qu'il réaffirme son autorité sur son corps. Pranayama Pranayama Pranayama. Le mantra échoue à chaque toux déchirante.


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« Où... l'avez-vous... vu... la dernière... fois... ? »

Elle tire une autre bouffée. « Où d'autre que Vaudeville ? »

« Est-ce que... qui... voudrait... prendre... ça ? » Il peut sentir son visage rougir alors que les larmes coulent de ses yeux.

Elle pose la cigarette et se lève, mesurant peut-être un demi-pied de plus que Rabbit, et se penche sur le bureau. D'une main décisive mais délicate, elle défait les boutons de sa chemise, révélant une partie de son tatouage, et place le talon de sa paume juste à l'endroit où ses côtes se rejoignent sur sa poitrine. Avec une seule compression, elle semble réinitialiser son diaphragme et soudain, la quinte de toux se termine par une respiration de l'air froid et recyclé du vaisseau-mère qui remplit ses petits poumons avides. La femme se penche en arrière dans son fauteuil avec un sourire satisfait.

« C'est un chat, ahuri. Personne ne cherche ma petite Toro à part moi. » Le simulacre lui va mal mais depuis qu'elle a remis ses bronchioles en place, Rabbit est prêt à accepter à peu près n'importe quoi d'elle. D'une main tremblante, il attrape le spliff.

« J'ai des tarifs standards... »

« Je suis prête à payer douze mille skënders pour le retour de Toro. »

Rabbit est presque pris d'une nouvelle quinte de toux alors qu'il étouffe la substance. Il se retient de fumer son spliff, laissant les cendres tomber en tas sur son bureau. En l'absence d'une cote de crédit décente, ce genre d'argent comptant pourrait résoudre bien des problèmes, maintenant qu'il a épuisé ses réserves de crypto-monnaies basées sur la réputation. Ce type d'offre est pour le moins légèrement suspect. Mais elle a une bonne énergie sociale. Beaucoup de gens sont sentimentaux à l'égard de leurs animaux de compagnie, surtout sur Bakounine où un chat est pratiquement sacré. Pourquoi laisser quelques questions impertinentes s'interposer entre lui et le loyer de l'année suivante ?


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Rabbit se penche en arrière les mains entrelacées « Je ne peux pas garantir de résultats mais je vais m'en occuper. Bien sûr, j'aurai besoin d'une avance pour couvrir certaines dépenses initiales et mon temps à travailler avec mes sources, disons vingt pour cent ? »

D'un autre coup sur le comlog à son poignet, elle transfère l'argent sur ses comptes. S'il y avait un tressaillement ou une lueur dans son sourire, il ne le voyait pas.

« Je suis heureuse que nous puissions nous entendre, M. Kyoami », dit-elle, « Vous avez mes coordonnées afin de me contacter quand vous aurez récupéré le pauvre Toro. D'ici là... »

« Attendez, comment vous appelez-vous ? » bafouille-t 'il alors qu'elle se dirige vers la porte.

« Griselda Avcı », se retourne-t-elle avec un sourire, « À bientôt, je l'espère. »

Rabbit est sur le point de retourner la même chose quand la porte se referme derrière elle.




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Wizzy

14 Juillet 2024 à 12:05:00 #2 Dernière édition: 19 Juillet 2024 à 15:11:23 par Wizzy
The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 2




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Les chats règnent sur Bakounine. Introduits pour faire face à la vermine sur les ponts, ils ont fini par devenir les résidents les plus nombreux du vaisseau-mère, malgré les rats des Laboratoires Noirs de Praxis et les chimères qui ont inversé le rapport de force. Cela a plus ou moins résolu le problème des rats, mais les gens ont commencé à les nourrir et maintenant c'est au point où les modérateurs ne peuvent même plus les stériliser et encore moins éliminer la population pour contenir leur nombre, et le Conciliateur n'a pas l'intention de mettre à mal son énergie sociale face aux vents violents de l'air du temps. Il est donc facile de trouver un ou plusieurs chats sur Bakounine, mais trouver le bon chat est une autre histoire.

Rabbit n'est pas vraiment un fan de chats, même s'il apprécie que quelques-uns se frottent contre ses jambes lors d'une promenade à Vaudeville pour s'y faire une idée du terrain. De son côté Omikuji calcule les combinaisons « noir », « rouille » et « fumée » en s'alignant sur les populations de chats connues sur le vaisseau, pendant que Rabbit il scrute les koneko qui se présentent à lui. Il est prêt à parier des skënders aux skittles qu'il reconnaîtra ce collier avant de reconnaître les variations du pelage, mais Rabbit dispose d'une série d'outils de RA pour l'aider, juste au cas où.



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Vaudeville bat son plein ce soir. Avec le Bakounine stationné dans le système de Paradiso, Sunset Boulevard est rempli de toute une foule de touristes, allant du personnel du caravansérail Haqqislamite aux troupes PanOcéaniennes et Yujingyu en permission. Rabbit ne se sent vraiment pas dans le ton en marchant dans la rue avec sa paire de chaussures usées, Il est coiffé d'un grand chapeau bombé et d'un sweat à capuche Baja. Ses capris néon-noir imitent la mécanique des fluides d'une lampe à lave et ressemblent à un film de Jodorowski trempé dans de la cire fondue. Le fait qu'il jette un coup d'œil sous les tables et les chaises pour observer chaque félin n'aide pas l'impression qu'il donne aux touristes des squares voisins ou à ses compagnons de bord qui les servent. C'est un sentiment rare que d'être à nouveau bizarre, et il ne peut s'empêcher d'embellir ce côté excentrique, ne serait-ce que pour rappeler à ces habitants terrestres qui est chez lui parmi les étoiles.

Le spectacle atteint son paroxysme lorsqu'il se retrouve plaqué au sol. Il n'est pas nécessaire d'être un détective pour repérer une spécialité de BouBoutique comme celle-ci à un parsec de distance - plus de deux mètres de haut avec un physique dorique et des yeux rose fluo - un géant à l'air furieux digne d'un Lhost customisé lance un regard à Rabbit qui a eu l'audace d'exister. Il y a un moment où leurs yeux se croisent, s'enfoncent et s'affolent, qui ne se dissipe que lorsque l'antagoniste de Rabbit s'enfonce dans la foule qui se sépare.

« J'étais en train de marcher ici ? »

Seuls les chats s'intéressent à Rabbit, qui roule sur lui-même pour se relever. C'est un monde différent à leur échelle, fait de jambes, de chevilles et d'objets sur lesquels on peut grimper ou sous lesquels on peut se cacher. Il s'attarde dans cette perspective pendant une minute, essayant de se faire une idée de sa cible, lorsque l'éclair d'un badge attire son attention. Il est rare que les chiens errants portent un collier. Ce qui l'est moins, c'est qu'ils soient assez grands pour attirer l'attention à une douzaine de mètres de distance. Rabbit verrouille le collier en AR et se hisse pour commencer la chasse.

Les poursuites à pied sont quelque chose de standard pour un détective comme Rabbit, comme la téléphotographie et un goût pour le whisky bon marché. « Ombre » et « Poursuite » pourraient aussi bien être les noms de ses pieds. Quand il a de la chance, il y a une carte du module sur son comlog et Omikuji trace les trajectoires probables pour une interception. Il n'est pas toujours chanceux. La version féline d'une poursuite est faite de verticalité, d'espaces restreints et de distorsion temporelle - lenteur jusqu'à ce qu'il soit proche, puis fuite sous les pieds, dans les panneaux de pont ouverts et sous les étagères des magasins de vêtements, derrière les étagères des bodegas et sur les holoécrans des boutiques en plein air qui bordent la rue.

Le stalker professionnel est en train de se dégager d'un câblage électrique improvisé lorsque le carillon du vaisseau pour le huitième post-méridien retentit. Soudain, le monde autour de Rabbit Kyoami s'arrête tandis que le faux ciel bleu, toujours agréable à moins que le Bakounine ne soit en deuil, commence à prendre une teinte flamboyante. C'est la chose pour laquelle Sunset Boulevard est connu. Tous les soldats, espions, vagabonds et civils hagards des jungles déchirées par la guerre se retrouvent encapsulés dans l'instant, piégés dans une ambre théâtrale qui submerge les sens. Il y a un souffle collectif, des chuchotements révérencieux et un murmure général d'émerveillement lorsque chaque stand informel et chaque espace entre les boutiques et les hôtels deviennent des henges parfaites qui encadrent ce soleil intérieur. Les doigts et les blogs se mettent au garde-à-vous dans une sorte de tai-chi de selfies, chacun cherchant à capturer l'heure dorée de Bakounine dans ses nuages sociaux. Malgré lui, Rabbit ne peut s'empêcher de rester bouche bée devant les traînées de rose, de violet et de rouge qui traversent le ciel. Il l'a vu des milliers de fois, qu'il soit plongé dans une valise ou non, et n'a jamais réussi à échapper au flot de sa splendeur.



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Une explosion de bouchons de champagne comme une salve de vingt-et-un coup de feu ponctue l'arrivée de la nuit, les étoiles tranquilles du système de Paradiso s'estompant sous les éclaboussures de néon des promesses obscures qui inondent maintenant la Promenade des couches RA. Rabbit fouille dans sa poche kangourou et en sort la moitié arrière d'un spliff, le porte à ses lèvres et commence à se tapoter pour trouver le briquet. Il serre les dents en se rappelant qu'il a encore oublié quelque chose, et ses yeux s'écarquillent pour voir le chat qui l'attend sur un tonneau de bière Pulpi à l'extérieur d'un bar bruyant rempli d'habitués du groupe Green-A. Le chat se nettoie la figure lorsqu'il aperçoit le chat qui l'attend sur un tonneau de bière Pulpi. Il est en train de se nettoyer la figure quand il l'aperçoit. À la lumière des lampadaires de la rue, il est certain que le pelage de ce chat n'est pas roux. Ses yeux verts et bleus se fixent alors sur lui à la manière d'un chat, comme s'ils l'attendaient depuis tout ce temps. Il saute à terre et se met à trotter lentement. C'est un rythme que même Rabbit peut suivre, alors il glisse le blunt derrière son oreille et s'élance à la poursuite de ce grand nom.



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Rabbit ne devient un peu nerveux lorsque le chat l'emmène hors du strip, la foule s'éclaircie, les bruits de leurs réjouissances s'estompent dans le bourdonnement des systèmes du vaisseau, à travers des rebondissements qui mènent loin de la climatisation dans les petites artères qui alimentent Vaudeville, mais qui sont aussi l'endroit où se perdre à jamais. Les rumeurs de la présence de savant fou de Praxis et de vivisecteurs du groupe Equinoxe s'attaquant aux ivrognes et aux imprudents dans ces ruelles ne sont pas d'une nature si folle qu'elles puissent être ignorées. Pas sur ce vaisseau en tout cas. Ainsi, lorsque le chat l'amène dans une salle de jonction vide, il a le sentiment que ce n'était peut-être pas une poursuite mais un piège. Kyoami, le nez tremblant, commence à chercher le scoop. Il a entendu dire que certains chats deviennent des griffes, des dents et des sifflements lorsqu'ils sont pris contre leur volonté. Pour douze mille skënders, Rabbit était prêt à perdre une oreille ou deux tant qu'il pouvait encaisser ça. Mais le chat ne semblait pas avoir de problème avec cela, et il ronronna lorsqu'il le souleva dans ses bras.



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C'est à peu près à ce moment-là que démarre les coups de feu. Rabbit esquive avec peine le claquement d'une mitraillette à bout portant. Son esquive était plus un trébuchement qu'un mouvement volontaire qui lui permit de faire un demi-tour pour voir le grand méchant aux yeux roses foncer sur lui. Un nettoyeur des fosses du CineticS, qui tente de mettre Rabbit à terre pour de bon cette fois-ci. Le chat serré contre sa poitrine comme un ballon de rugby et son autre main maintenant le chapeau sur sa tête, Kyoami retourne en courant vers la rue principale, essayant de mettre le plus de distance possible entre lui et le post-humain meurtrier qui pulvérise du plomb dans sa direction. Omikuji lui annonce fièrement qu'il a atteint son objectif de forme physique pour la journée et qu'il commence une nouvelle série. Le geist envoie également un signal de détresse au Corps des Modérateurs, soit à cause des coups de feu, ou du fait que Rabbit commence enfin à faire de l'exercice.

« Laisse tomber ce sac de viande de chat. »



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Rabbit halète en réponse, sa réplique intelligente s'éteignant dans ses poumons brûlant de fumeur, qui protestent contre cette augmentation soudaine d'activité et de stress. Il reprend sa course folle vers Sunset, en utilisant les cloisons comme couverture chaque fois que le post-humain lance une gerbe de balles dans sa direction. Si le chat s'inquiète de toute cette violence, cela ne se voit pas. Le félin reste fermement dans son bras, ronronnant alors que Rabbit sprinte vers la sécurité de la foule.

Il s'avère cependant que le géant aux yeux roses n'hésite pas à commettre des meurtres dans un espace public. Alors que Rabbit fait une embardée sur la piste et retourne vers son bureau, des tirs de mitraillettes déchirent la meute d'habitués acontecimentoans qui pleurent leurs camarades tombés au combat. Soudain, la poursuite à pied se transforme en bousculade alors que des centaines de personnes se dispersent en même temps. Dans la vague de panique et de terreur, d'autres coups de feu retentissent en réponse aux tirs de « Yeux Roses ». Ici et là, des touristes paniqués tombent en attrapant par malchance un coup. Une musique entraînante et des cris de douleur faussait l'ambiance dans cet endroit claustrophobe et sinistre.

Avec des tireurs dans plusieurs directions, Rabbit n'a plus d'autre choix que de se jeter au sol. Rampant entre les anciens clients de la terrasse de l'hôtel Rialto-Bakounine alors que les autres tentent de se disperser, il se glisse sous une haute table et jette son chapeau de l'autre côté du bar. Il met son comlog en attente pour changer les motifs de son pantalon en quelque chose de neutre et fade, qui soit moins repérable. De sa ceinture arrière, il sort un pistolet paralysant et fait le tour de la table pour pouvoir abattre le Lhost déchaîné quand il passera.



https://ibb.co/85RVVKJ


Alors que le monde s'enfonce dans le chaos, il existe encore une contre-force pour rétablir l'équilibre et qui s'apprête à être déployée. Des tirs de fusils combi éclatent en réponse aux tirs de pistolets et de mitraillettes éparses. Les ordres de se mettre à terre et de déposer les armes retentissent dans Vaudeville, tandis qu'une équipe de modérateurs remonte le boulevard. Rabbit abandonne le pistolet paralysant dans son pantalon et tend la main vers un cocktail, saisissant un verre de highball qui avait été laissé sur la table au-dessus. Il a un goût prononcé en sucre, en gueule de bois et en regrets, mais il le termine quand même alors que le corps des modérateurs verrouille Sunset avec des tirs de suppression et un appel au calme.

Quand ils commencent à donner des signes clairs dans sa direction, Rabbit se lève de son accroupissement et scrute les survivants avec prudence. Les cheveux, le sang et les vêtements n'étaient pas dans le ton de la place. C'était encore trop tôt pour un mardi. Il baisse les yeux vers le chat. Toujours ronronnant, sa queue se contractant légèrement alors qu'il scrute lui aussi la foule. Aucun signe de « Yeux Roses » et c'est suffisant pour soulager leurs cœurs respectifs. Il se dirige vers l'autre bout du patio et attrape son chapeau. Il y a une empreinte de pas poussiéreuse sur le bord, mais il est toujours intact. Avec un sifflement enjoué, il le met sur sa tête et commence à retourner à son bureau.



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Ça va, ça vient. Il n'est pas à cinq pas de la terrasse lorsqu'une main se serre autour de son cou et arrête son sifflement en désaccord. Il est soulevé contre le mur afin que ses pieds ne touchent plus le sol. Le chat saute juste à temps pour que ses deux mains se lèvent dans le but d'essayer de libérer son cou alors qu'il se tortille comme un poisson sur un hameçon. Quand ses yeux se concentrent enfin, il se voit du mauvais côté du long bras d'un gars autoritaire à la tête plate et à la mâchoire carrée. Il y a une étincelle dans les yeux de Bjorn Silje qui est à ses côtés, quelque chose presque comme un sourire derrière les dents serrées alors que la modératrice demande à Rabbit :

« Alors c'est toi qui as appelé à l'aide, racaille hippie ? »






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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 3



Bjorn Silje, c'est cent kilos de méchanceté, étirés à travers une carrure aussi grande qu'un iceberg. Alors que Pink Eyes dégageait une méchanceté froide et chirurgicale, l'agressivité de Bjorn était empreinte d'une passion qui frôlait le romantisme. C'est le genre de flic pour qui chaque interpellation est personnelle, chaque intervention policière est l'occasion d'une thérapie primitive, et le plus grand péché imaginable est de laisser un criminel en liberté. Maintenir la paix entre des centaines d'idéologies diamétralement opposées entassées sur un seul vaisseau soumis à des attaques politiques constantes de la part de toutes les grandes puissances de la galaxie connue relève de l'art. Et c'est un véritable sport que celui de devenir le plus grand dur à cuire des lieux. À cet égard, Bjorn Silje est à la fois un maître de la renaissance et une athlète olympique.

Rabbit se trouvait aux premières loges de cette maître copdom, alors qu'ils le mijotent au sujet de la fusillade sur la Sunset...




« Bon reprenons par la base de l'affaire ! », lance Venka Nemes, la partenaire laconique de Silje, alors qu'elle reprend la suite de l'interrogatoire et recommence tout à zéro... « Que s'est-il passé sur Sunset Boulevard à 2032 heures, heure du navire ? »

« Comme je te l'ai déjà dit, j'étais sur une affaire- »

Silje tape du poing sur la table, « Pourquoi un détective minable comme toi travaille-t-il pour Svengali ? »

« Svengali n'est pas mon client... » Cependant cela pourrait être vrai ou non, étant donné que Svengali est omniprésent sur le Bakounine. Ses bras sont nombreux et sont semi-autonomes, surgissant même de temps en temps hors du vaisseau, parfois après des années de dormance. N'importe qui peut être dans la poche de la mafia de l'IA et il n'est pas question de remplacer l'humain par un lhost comme sosie d'humain pour faire avancer son empire criminel...

« Alors pourquoi toi et un Saelig de qualité militaire tiriez-vous à travers Vaudeville, bordel de merde ? » Rabbit se demandait exactement la même chose : qu'est-ce qu'un chat a à voir avec un Lhost gonflé à bloc avec une aussi mauvaise attitude ? Pourtant, les clients n'essaient généralement pas de tirer sur Rabbit avant que le travail n'ait été terminé et même alors, ce n'est généralement pas en public... Cela devrait être d'une logique suffisamment simple pour que même un flic puisse comprendre...




« Pink Eyes me tirait dessus, putain. »

« Ne me prend pas pour une conne minable. Les gens de mèche ne se tirent généralement pas dessus. »

Nemes hausse un sourcil : « Vous voulez nous faire croire que des co-conspirateurs ne se sont jamais violemment disputés dans cette affaire ? »

Rabbit ne sait pas quoi répondre. Silje n'attend pas de réponse. Elles ont extrait certaines de ses données de comlog et sautent directement aux conclusions.

« Qu'est-ce que ce collier a de si spécial, imbécile ? »

« Je ne sais pas. »

« Qui est ton client ? » Silje grogne, s'appuyant sur la table si près que son nez de boxeur touche presque Rabbit.

« Putain, c'est la vérité, je cherchais juste un chat... »

« Ok », Nemes passe sa main dans une frange violette, « revoyons tout cela une dernière fois ! ».



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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 4




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Sans relâche et sans cesse. Huit heures durant, les mêmes questions et accusations se sont succédées avant qu'elles ne soient obligés d'admettre que l'analyse des images de la scène du crime prouvait que Rabbit n'avait jamais rien fait de pire que de descendre un cocktail abandonné. Venka Nemes n'est pas très heureuse de libérer un suspect. Une frustration à laquelle elle n'hésita pas à ajouter un peu de couleur...



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« Je vais te surveiller, Kyoami. Tu ne pourras pas chier sur ce vaisseau sans que j'en connaisse la puanteur. »



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Cela met Rabbit dans tous ses états et le suit jusqu'au bureau. Prendre la responsabilité des balles de quelqu'un d'autre. C'est tout à fait le genre de ces fascistes, qui prétendent régler les conflits par l'oppression et la surveillance aveugle...



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Quelqu'un est assis sur la chaise réservée au client lorsqu'il entre. Vêtu d'un costume coûteux et d'un sourire bon marché, il est tout en dents et en cheveux, avec deux gardes du corps armés pour renforcer toute impression que son charme n'emporterait pas.

« Aristophane Kyoami ? »

« Qui le cherche ? » Rabbit est au bord du gouffre, mais où aller ?



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« Je suis Savio Praeger, » dit-il en se tenant debout et lui tendant la main, « Un avocat du cabinet Avedikian, Maier et Somtow. Je représente un client et nous aimerions retenir vos services dans un certain dossier. »

Rabbit lui tend la main et, dans cette brève poignée, il a l'impression de porter des menottes plus lourdes que celles que Bjorn Silje ne pourra jamais mettre à ses poignets. Il peut dire ce qu'il veut de la police, mais au moins les modérateurs respectent un code vestimentaire réactionnaire décontracté et affichent leur programme sur leurs manches. Ces fonctionnaires en chaussures à bouts pointus et blazers sont toujours des bâtons de punition vêtus de couches affables.

« Avedikian... n'est-ce pas ce type qui a fait un plongeon de la suite présidentielle d'un hôtel de Vaudeville, avec la gorge... ? » Rabbit passe un doigt sur son cou.

« Oui », dit Praeger sans se départir de son sourire, « nous sommes tous très désolés d'avoir perdu l'un de nos partenaires dans ces circonstances ».

« Prenez un siège, vous voulez bien ? » Rabbit regarde les gardes. Ils sont de nature très toungouskienne. Lunettes de soleil, oreillettes, chaufferettes en bandoulière. Froids, mais pas glacials. Rabbit se dirige vers l'autre côté du bureau, comme un grognard qui se met à l'abri dans un trou de renard.



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« Merci, M. Kyoami. »

« Rabbit. »

« Excusez-moi ? » Le sourire de Praeger est bloqué quelque part entre la perplexité et le rire.

« Appelez-moi Rabbit, M. Praeger. »

« C'est un drôle de surnom. Quel est le diminutif ? »

Rabbit prend le temps de rouler un nouveau spliff. Bien sûr, il ne peut pas dire où il a laissé le briquet. Une pause gênante s'ensuit, pendant qu'ils sont tous confrontés à cette question sans réponse et que Rabbit vérifie ses tiroirs et ses poches.

« Alors, euh, c'est quoi le boulot ? » Il demande quand le silence devient trop grand pour être maintenu.



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« Ah, notre client », reprend Praeger en remettant en place sa cravate, ses cheveux et son sourire, « est intéressé par un module inoccupé sur le vaisseau. Comme vous le savez, ce type de bien immobilier est généralement distribué par tirage au sort ou par vente aux enchères, mais dans ce cas, le processus est bloqué en raison d'une certaine confusion. L'ancienne propriétaire aurait été tuée à Novvy Bangkok le mois dernier, alors qu'elle est montée à bord du navire la semaine dernière. Nos efforts pour que le module soit rendu au public ont échoué, car la question n'a pas été résolue. En l'absence de certificat de décès ou de documents de résurrection, nous sommes un peu dans l'incertitude, attendant que de multiples bureaucraties négocient des événements qu'une source indépendante serait mieux à même d'établir. »



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« Qui est votre client ? » Rabbit laisse le joint retomber sur ses lèvres alors qu'il demande à Omikuji du feu. Son nez tressaille et cette fois, ce n'est pas seulement parce que Candy a été échangée alors qu'elle était dans un sensatranslateur. L'univers ne lui donne jamais deux boulots la même semaine. Des boulots qui ne paient pas et qui ne sont pas aussi simples que de trouver un chat et de prouver un décès. Un démiurge s'amuse à ses dépens ou lui tend un petit piège pour lui apprendre quelque chose sur la traversée des étoiles et la complexion incertaine du destin.

Praeger se pince les lèvres : « Bien entendu, mais nous ne sommes pas en mesure de le dire pour l'instant. C'est pourquoi nous sommes ici pour arranger les affaires au nom de notre client. Il est le prochain sur la liste de loterie pour le module et si on le voit influencer la libération d'un nouvel espace, même légitimement, les perspectives seraient défavorables. »



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« Défavorable », dit Rabbit en laissant rouler le mot sur sa langue. Il a un mauvais goût. Il vérifie son SRSLY et il a subi une chute à trois chiffres depuis la fusillade de Sunset. Qui voudrait l'engager après ça ? « Je ne suis pas sûr d'être celui qu'il vous faut pour éplucher les dossiers. Il y a d'autres agences qui savent comment pousser les papiers au lieu de les rouler. Qui m'a recommandé ? »

Praeger plisse ses lèvres au point qu'elles deviennent presque aussi pâles que sa peau qui n'a jamais quitté le vaisseau. Omikuji trouve enfin un briquet dans le bandeau du chapeau de Rabbit, ce qui lui permet d'allumer le Bayram.

« Nous cherchons quelqu'un de discret. Compétent, bien sûr, mais peut-être pas au point d'attirer indûment l'attention. »

Rabbit sait qu'il devrait s'enfuir, mais il pense aussi que ce type peut payer le loyer que Griselda Avcı ne paie plus depuis que le pistolet-mitrailleur de Pink Eye et les Fuzz sont aux trousses du chat noir « fumé ».



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« J'ai des tarifs standards... »

« Mon client est prêt à payer vingt-cinq mille skënders pour une affirmation positive sur son sort, dans un sens ou dans l'autre, du Dr Farzaneh Torosyan. Plus les dépenses habituelles, bien sûr. Nous sommes même prêts à faire une avance, à condition qu'elle soit raisonnable. »

« Non remboursable. Les frais, bien sûr. »

« Alors, on a un accord ? »




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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 5



Finalement, vingt-cinq mille raisons de dire oui ont plus de poids qu'un million de raisons de dire non. C'est ainsi que Rabbit se retrouve devant le bureau d'un avocat, si proche du quartier ultraviolet qu'il peut s'imaginer entendre les déclarations de santé et de sécurité qu'on lui demandera de signer. L'affichette RA indique SZA Legal Services (services juridiques de SZA). Représentants légaux et dernier contact connu du Dr Farzaneh Torosyan. Rabbit sonne à la porte.



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« Désolé, mais nous n'acceptons plus de nouveaux clients. Si vous voulez il y a un cabinet dans le module suivant qui s'est spécialisé dans les augmentations de chimères ratées. »

Rabbit se met en mode selfies sur son comlog et envoie sa photo. Il porte le même sweat à capuche et la même casquette Baja qu'hier soir, mais il n'a pas l'air si mal que ça.

« Euh, je ne cherche pas d'avocat. Je suis ici pour m'enquérir de l'une de vos clientes, Farzaneh Torosyan. »

Le système de communication ne réagit pas au nom.

« Euh, bonjour ? »



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« Nous ne sommes pas dans un domaine qui nous permet de divulguer des informations sur nos clients, désolé. »

Rabbit se penche poliment dans le micro, plisse les yeux vers la caméra avant d'essayer de dégager sa meilleure impression. « Le secret professionnel des avocats ne couvre pourtant pas les morts... »

« Le Dr Torosyan n'est pas mort. »



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« Un enquêteur spécial de l'O-12 sur Novvy Bangkok ne partage en tout cas pas cet avis. Il a signalé sa mort dans une fusillade devant le Harry's Bar. Apparemment, ils enquêtaient sur elle pour des liens avec certains travaux sur un site clandestin dans les Confins Humains. Des trucs hors cadres légaux. Des trucs effrayants. »

« Où voulez-vous en venir ? » La voix derrière la machine semble indifférente.

Rabbit baisse ses lunettes de soleil « Ce que je veux dire, c'est que nous ne voulons probablement pas discuter de cette question en public. Ça vous dérangerait de me laisser entrer ? »



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C'était un beau bureau, avec un petit côté Kish, avec plein de répliques de vaisseaux civils, de briquets de la Fraternité du Libre-Echange aux emblèmes de chaque section d'amarrage des circulaires. Rabbit aimerait bien faire le tour des différentes maquettes, mais le molosse qui se trouve derrière le bureau semble avoir les yeux rivés sur lui, l'arme au pied. Il se glisse dans le fauteuil d'en face et tente de sourire sans avoir l'air trop effrayé.

Alors que Savior Praeger fait figure de scalpel poli dans un costume d'affaires, Sanchita Zeta-Agbayani apparaît comme une hache de guerre avec des épaulettes. Vêtue d'un costume qui met sa taille en valeur par des angles aigus, elle regarde Rabbit avec un dédain mal déguisé. Son attitude est sérieuse, sévère, et ne donne pas l'impression que ses faits l'ont impressionnée.

Rabbit prend le joint derrière son oreille et commence à se tapoter les poches.



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« C'est non-fumeur ici ! », sa voix est égale et mortelle. Rabbit retire le Bayram de sa bouche et le remet derrière son oreille. L'affaire réglée entre eux, l'avocate du Dr Torosyan va droit au but. « Donc, vous dites que ma cliente est morte. »

« Je ne dis pas ça, mec-mademoiselle, euh m'dame », soutient Rabbit, « L'O-12 dit qu'elle, est euh, a été emmenée sur Novvy Bangkok... Désolé pour sa mort, au fait. »

« Eh bien, quoi qu'il en soit, ma cliente n'est certainement pas morte. »

Rabbit fronce les sourcils. « Comment pouvez-vous dire ça ? Il y a cet inspecteur qui... »



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Zeta-Agbayani lève la main. « J'ai eu des contacts avec ma cliente depuis le dépôt de ce rapport. Preuve indiscutable de sa bonne santé qui est encore d'actualité. Ses honoraires sont payés et elle maintient son innocence des allégations fallacieuses faites dans ce rapport. Tout cela, je vous le rappelle, reste au mieux des spéculations non prouvées et malveillantes. »

Maintenant, Rabbit est vraiment coincé. Il n'y a pas de chat et la dame décédée paie toujours son avocat. « Ecoutez, ce n'est pas possible. Ces types de l'O-12 sont minutieux, ils ont un corps. »

« Un corps, en tout cas pas le corps du Dr Torosyan. »

« Cela me semble assez convaincant. » Rabbit extrait les photos du rapport et l'index croisé du dernier scan d'identité de Farzaneh Torosyan. Selon le fichier, il s'agit d'une correspondance à cent pour cent concernant les caractéristiques physiques ainsi que sur les empreintes digitales et les marqueurs ADN. Soit la personne dont l'identité a été échantillonné n'est pas Torosyan, soit quelqu'un s'est donné beaucoup de mal pour simuler l'administration de Concilium.

Zeta-Agbayani fronce les sourcils. Elle fait un steeple de ses mains et presse ses index sur ses lèvres en se penchant sur le bureau. Son tailleur gris cendré semble se draper autour d'elle comme un nuage d'orage et Rabbit ne peut s'empêcher de craindre que quelque chose d'électrique soit sur le point de le frapper.



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« Les apparences peuvent être trompeuses. Ma cliente est arrivée par vaisseau dernièrement. Il y a un manifeste des passagers pour le prouver. Estampillé par l'O-12 à la station End of the Line et qui a été vérifié sur la Circulaire C-8 qui a amené son vaisseau à ce système. C'est une simple question de travail de police bâclé, d'erreur d'identité et de la main droite qui ne sait pas ce que fait la main gauche. Rien de plus. »

Rabbit se gratte le duvet de pêche sur le menton. Une fausse affaire ? Pourquoi Praeger lui amènerait-il des gardes armés et une fausse affaire ?



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« On dirait que tout cela n'est qu'un gros malentendu, alors. S'il y a un moyen pour votre cliente de me communiquer qu'elle est en bonne santé, je peux clarifier cela avec mon client et alors tout le monde pourra peut-être être payé et être heureux de ne pas avoir à échanger des condoléances. »

Un sourire narquois s'ajuste sur les lèvres de Zeta-Agbayani. Ses yeux brun foncé scintillent.

« J'ai bien peur que nous devions décliner cette offre. Ecoutez, vous avez l'air d'un type bien. En tout cas, pas comme la plupart des salauds qui travaillent dans ce secteur. Suivez mon conseil, M. Kyoami, oubliez ce travail. Les vautours qui vous ont embauché ne sont pas le genre de personnes avec lesquelles vous voulez faire des affaires. »

« Avec qui est-ce que je fais affaires selon vous ? »



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Zeta-Agbayani se penche en arrière et met les mains derrière la tête, « Je ne suis pas ici pour vous dire comment vivre votre vie. Ce n'est une bonne décision que si vous la prenez vous-même. Tout ce que je peux vous dire, c'est que rien de bon arrive à travailler pour des gens qui essaient de s'assurer que quelqu'un est mort. »

Rabbit aurait aimé suivre ce conseil, mais son compte en banque lui rappelle qu'il a déjà perdu deux emplois en quelques jours. Omikuji a retrouvé le vaisseau sur lequel Torosyan est arrivé, mais personne n'arrive à déterminer où le médecin disparu est parti. Son avocat dit qu'elle continue à payer les frais, mais Rabbit a du mal à l'avaler. Il a d'ailleurs du mal à avaler n'importe quoi après avoir accepté un contrat à cinq chiffres pour la disparition d'un chat.



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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 6




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Il retourne d'abord à son bureau pour changer sa chemise pour une Guayabera du style de Varuna avec des glyphes Helot le long des coutures verticales et une veste militaire en surplus. Il remplit ses poches de torches, de quelques répétiteurs et de matériel d'enregistrement et se dirige vers le module appartenant au huitième collectif radical de magonistes sapiens quantroniens. Après sept itérations du collectif (il n'y en a pas eu de quatrième en raison de la résonance homophonique avec la mort dans certaines langues), leur dialectique est quelque peu obscure. Il s'agit d'une souche d'anarchisme lacanien naviguant quelque part entre Slavoj Zizek et Harpo Marx. À la fois doctrinaire et satirique, ERCQSM est résolument performatif. Des mèmes quantroniques de guérilla, des patines AR défigurées avec des slogans enragés, et un record impressionnant sur le Misery Index, où leur approche de la terre brûlée envers les détracteurs de Bakounine n'a jamais perdu une pointe d'ironie dans la ruine impitoyable qu'elle a provoquée.



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Pour Rabbit, l'histoire de l'auto-cannibalisme idéologique d'ERCQSM est une raison suffisante pour rester à l'écart la plupart du temps. Mais lorsqu'il a besoin de l'imagination d'un charlatan et du talent d'un geek pour résoudre une affaire, il n'y a pas de meilleur chapiteau de cirque que Bakounine. Et parmi la galerie de monstres quantroniques, personne n'est mieux placé que Lekan Onyewu, un vénérable Achates de la vieille époque de Bourak. Petit, trapu et armé d'un Rasool RS Sameer amélioré, branché sur une prise neuronale, Rabbit l'a vu littéralement tuer des gens deux fois plus grands que lui en leur envoyant des balles de code viral dans le cerveau. Associé connu de l'unité de planification et de développement de la cyberdéfense du NMF, la question n'est pas de savoir si Onyewu peut faire le travail, mais si Rabbit peut couvrir le prix de l'ami lorsqu'il se présentera au cercueil technologique de Lekan.



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« Rabbit, chale. Tu as trouvé le Double du Double ? » Lekan connaît son obsession et sa position se situe quelque part entre la sympathie pour l'opprimé et la moquerie impitoyable.

« Je me suis contenté d'une séquence clé. »

« Si je me souviens bien de notre dernière conversation, » Lekan pose un doigt pensif sur son menton, » tu essayais d'acheter des sensadata de sa mort à un couple d'escrocs des bas quartiers qui faisaient commerce d'overdoses de nitrocaïne et de tabac à priser clandestin Aristeia. »

Rabbit sent son visage rougir, « L'Observance a payé beaucoup d'argent pour mettre ces trafiquants hors d'état de nuire. »

« Si je me souviens bien, ils ont eu besoin de beaucoup de persuasion pour comprendre que vous n'aviez rien à voir avec leur modèle commercial corrompu... »



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Rabbit lève les mains, plus sur la défensive qu'il ne le voudrait : « Ecoutez, un travail est parfois un travail. »

Lekan sourit, « Je suppose que c'est pour ça que tu es venu ici, habillé comme un varunien obroni ? Quelque chose à voir avec ce wahala à VaudeVille ? »



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Rabbit fait la moue, « Non, ce travail paie deux fois plus. J'essaie de retrouver une femme, le Dr Farzaneh Torosyan. Elle aurait embarqué sur un vaisseau en provenance de la station End of the Line, aux confins de l'humanité. »

« Pourquoi ne pas vérifier les manifestes d'amarrage ? »

« Eh bien, c'est le problème. L'O-12 jure qu'elle est morte et qu'elle a un cadavre dans la glace à Novvy Bangkok. »

« Alors, tu veux voir qui est descendu de ce vaisseau ? » Lekan se frotte les mains. Il est déjà en train de parcourir les cadrans de son Sameer personnalisé. Rabbit peut voir en RA que Lekan a commencé à plonger, pénétrant les pare-feux entourant les caméras de la baie d'amarrage, comparant les vaisseaux entrants à leurs points de départ.



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« Je me disais que si ça ne posait pas trop de problèmes... »

Ce n'est pas le cas et ils le savent tous les deux. Lekan fait signe à un canapé de l'autre côté de la pièce tandis qu'il commence à diffuser les données sur un holo-écran situé au-dessus de son cercueil technologique. « Tu connais le prix, Rabbit ».

C'est ce qu'il fait. Rabbit a déjà son spliff pré-roulé. Il le porte à ses lèvres, sort un briquet de la poche de sa veste et le met en marche, une bouffée, une bouffée, et...



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« Le seul navire arrivant de End of the Line à Bakounine est un navire civil à passagers plus léger appelé l'Aguierre der Zorne Goatse. »

« On dirait que c'est un drapeau Bakounien », pense Rabbit en expirant.

Lekan prend le joint qui lui est offert, « Il est sous pavillon zambien, en fait. Mais la plupart des membres de l'équipage sont des anciens du module BombCluster... Le capitaine était autrefois un membre de la Fraternité du libre-échange, mais il est sur la liste des délinquants... Ce manifeste a été falsifié au moins une demi-douzaine de fois, mais votre médecin apparaît bien, il a apposé son cachet des deux côtés du formulaire d'immigration. Ça a l'air réglo. Avez-vous une image à comparer ? »



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Rabbit lui rend la pareille et lui envoie le rapport de Novyy Bangkok et l'examen du légiste de l'hôpital O-12, ainsi que toutes les données d'identification de Torosyan. Tout en avalant une longue bouffée, il observe sur l'holoécran le flot accéléré des passagers qui débarquent de l'Aguirre, tandis que le geisth de Lekan, Ekwensu, procède à une reconnaissance faciale avancée. Il n'est que très peu déçu quand il n'obtient aucune correspondance.

« Déception. »

« Désolé, Chale. Je ne peux pas être complètement chanceux. Le premier vaisseau que nous trouvons, à le passager que tu cherches. Il y avait forcément une complication après cela. »

« Aurait-elle pu quitter le vaisseau, d'une manière ou d'une autre ? Comme monter dans une navette ou quelque chose en route et avoir juste un double de son comlog scanné ? »

Lekan fronce les sourcils, « Le contrôle du trafic spatial a suivi l'Aguierre entrant de la circulaire. Aucun rapport de navires ne l'a intercepté avant l'accostage. »

Rabbit rend le joint. Il enlève sa veste et son chapeau et s'installe devant l'holo-écran.

« Ok, écoutons ça en temps réel. »

« C'est plus de trois heures, y compris le fret. »

Rabbit tapote sa poche avant, où quelques spliffs supplémentaires sont rangés. « C'est bon, j'ai amené des renforts. »





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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 7




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Trois cent vingt-deux passagers. Quatorze tonnes de cargaison. Deux joints plus tard, la brume du va et vient des personnes et des marchandises qui montent et descendent du vaisseau obscurcit l'image, et il devient difficile de discerner qui est qui et où ils vont. Les yeux de Rabbit sont pratiquement éclatés à force de regarder ces projections, demandant à Lekan de rembobiner, de trouver un nouvel angle, de croiser un profil avec toutes les données qui pourraient être extraites d'Arachne sur Novyy Bangkok. Tout est flou, Griselda, Praeger, Pink Eyes. Ils tourbillonnent en des enchevêtrements noueux, pratiquement borroméens, qui se chevauchent étroitement, mais pas tout à fait, en une toile. Quelque chose d'autre. Une grappe. Un véritable amas qu'aucun homme sain d'esprit ou sobre ne pourrait résoudre.



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Lekan met une bière dans la main de Rabbit. Il boit. Le bon détective est sur le coup. Et si elle se trouvait dans l'un des conteneurs ? Il n'y aurait pas grand-chose à faire pour en faire une petite unité d'habitation, ou un cercueil-technologique et un système de survie qui maintiendrait ses fonctions vitales en état stationnaire, mais de façon limitée. Le rapport d'autopsie de l'O-12 est adapté avec un peu de liberté créative, elle aurait pu être dans la fusillade, après tout, et a ensuite falsifié la dernière partie sur le fait qu'elle était morte. Sauf que l'énergie nécessaire pour maintenir un corps en vie dans l'espace est détectable sur les détecteurs de Bakounine, de même que la destination finale de chacun des conteneurs, les propriétaires connus et les parties qu'ils représentent. La cargaison de l'Aguierre a permis de conclure à la présence de plus d'une affaire louche, mais aucune d'entre elles ne porte la mention du Dr Torosyan.



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Et puis il y a Pink Eyes. Rien à voir avec l'affaire et c'est bien un Saelig, Lekan l'a confirmé, mais Torosyan pourrait être littéralement n'importe qui sur le vaisseau. Il n'est pas trop difficile de mourir et d'obtenir un cube inséré dans un autre Lhost. Le sheut risque d'être endommagé par un tel échange soudain de corps, mais c'est mieux qu'une vraie mort et Novyy Bangkok est plein de types de l'ombre prêts à faire le travail, juste derrière les vaisseaux mères Nomades à cet égard. Lekan consulte le manifeste et chaque passager a une histoire qui commence avant et se termine après le voyage, et son nom figure toujours sur la liste. Pas un Farzan, un Faraz ou un Farhaz, son propre nom et celui de trois cent vingt et une autres personnes qui sont toutes descendues de ce vaisseau et...



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« Quel est le nombre de débarquements ? »

Lekan retourne l'enregistrement, y met son geist. « Trois cent vingt-sept, équipage compris. »

« De combien est l'équipage ? »

« Six. »

La queue de quelque chose se tord maintenant entre ses doigts. Il a juste besoin de le tirer de la bonne façon pour le démêler.

« Peut-être qu'elle n'est pas partie. »

« Les douanes ont dédouané le navire, les passagers et l'équipage. Tout a été comptabilisé et rien n'a été laissé derrière avant le début du chargement. » Lekan extrait le flux des yeux de l'enregistreur de l'agent qui a traité l'Aguirre. Rabbit le scrute.

« Tout le monde est là, mais Ekwensu est en retard d'un point. »

« On dirait comme ça », acquiesce Lekan.

« Pouvez-vous revenir au moment où ses scans de comlog sortent du vaisseau ? »



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C'est une scène ordinaire. Une foule de personnes traversant le sas pour entrer dans la baie d'amarrage. Les scanners captent les comlogs et vérifient les visas et les déclarations. Des IA de moindre importance qui éliminent les tracas d'un uniforme ennuyé à un kiosque, demandant d'où vous venez, ce qui vous amène ici, essayant à demi-mot de vous prendre en flagrant délit de crime. C'est une image qui ne montre rien. Qui ne prouve rien, sauf une erreur d'écriture, peut-être, de la part de l'agence douanière de Bakounine. Et pourtant, il est sûr qu'il y a quelque chose. Rabbit peut le sentir.



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Il commence à taper des doigts sur la bouteille de Meichtry Draft. C'est un décalage. Quelque chose qui ne va pas. Rabbit bascule à la limite de l'absurde. Et si elle était complètement quantronique - une UPO. Juste un écho mémétique de la dame morte qu'elle était autrefois, faisant les choses qu'elle avait l'habitude de faire dans la vie, comme payer les factures et parler à son avocat... Rabbit est passé du tapotement à un véritable tambour. Peut-être qu'elle est le vaisseau lui-même, d'une manière ou d'une autre. Fusionnée avec les LAI qui régissent les systèmes, elle a transcendé la forme humaine pour devenir le rêve d'un seigneur du bord, s'identifiant comme un vaisseau de classe Selkirk, une sorte de non sequitur politique pour esquiver la responsabilité de l'être et les balles destinées à y mettre fin... Il y a une sorte de sens au rythme, une pulsation sinueuse, c'est vrai, mais elle donne vie à une idée. Elle est dans une sorte d'état liminal. Une pré-transcendance. Quelque chose la maintient en terre et en mouvement, mais sans forme corporelle. Un fantôme mais pas un fantôme. Une sorte de travail en cube. Une conscience fusionnée. Une convergence de deux êtres en...



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Le tambour s'arrête alors qu'il laisse tomber la bière. Rabbit l'a regardé tout le temps. Un passager masculin tenant une caisse. Dans la cage se trouve un chat. Avec un grand collier. Et des yeux bleus verts.




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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 8

Rostam Hedaya vivait dans un modeste appartement situé dans le premier dôme. Il ne semble pas très enthousiaste à l'idée de rencontrer Rabbit, l'œil sombre et sentant la bière blonde éventée, mais le nom de Farzaneh Torosyan suffirait à lui faire ouvrir la porte.

C'est l'odeur qui frappe Rabbit en premier, l'odeur des squames, de la litière et des croquettes mélangée à du dédain. Une demi-douzaine de chats les regarde tous deux avec un sentiment de suspicion et d'indifférence. Il semble que Rostam ne soit qu'une aide dans cette situation de vie, et à en juger par le désordre de la pièce et les meubles endommagés, il a pris du retard dans ses devoirs. Cela fait de Rabbit quelque chose de pire qu'un invité non invité. Une distraction, peut-être. Ou une proie...

Hedaya est un homme râblé, d'âge moyen, avec une barbe épaisse et fournie qui incite Rabbit à lui serrer la main avec gêne. En plus de sa luxuriante pilosité, il arbore un méchant œil au beurre noir qui semble avoir une histoire derrière lui. Son énergie sociale se situe dans la moyenne. Mais pas de façon médiocre. C'est comme un numéro de funambule. Le genre de type qui est doué pour se faire oublier. Il invite Rabbit à s'asseoir en face de lui sur le canapé, tandis qu'il tire une chaise de cuisine pour s'asseoir en face. D'un geste de la main, il fait bouillir de l'eau pour le thé et apporte deux verres en métal remplis d'un mélange à l'odeur florale.

« Alors, comment connaissez-vous le Dr Torosyan ? »

Rabbit regarde le thé et sort le dernier joint de la poche de sa chemise. Il prend un briquet et se souvient que sa veste est dans la cabine de Lekan, avec ses enregistreurs et ses répétiteurs. Il cligne des yeux deux fois pour signaler à Omikuji de commencer à enregistrer par le biais de ses implants oculaires.

« Euh... disons simplement que je représente un parti intéressé. »

« Vous aviez dit que vous étiez l'un de ses amis... »

« Mais je le suis ! », Rabbit se penche en arrière et attire l'attention sur un calicot à l'air méchant. Des fentes verticales qui lui rappellent les croisillons médiévaux. Il se redresse sous ce regard. « Dans le sens où je m'inquiète de son bien-être et que je cherche à vérifier qu'elle est en bonne santé. »

Hedaya ne semble pas convaincue par cette tirade. Il souffle sur son thé avant de le siroter et de remettre sa tasse dans sa soucoupe. Le silence entre eux et les chats est tout ce qu'il faut pour que Rabbit se sente un peu coupable d'être arrivé ivre mort et de s'être insinué à la porte de la résidence privée de cet étranger. Mais un travail est un travail et cet homme est à la croisée de deux d'entre eux. Il y a des questions pressantes qui demandent des réponses, des mystères à éclaircir et une urgence impérieuse d'aller au cœur de l'affaire.

« Avez-vous un briquet que je peux emprunter ? »

Avec un soupir, Hedaya se rend dans sa kitchenette et prend des allumettes. Il en allume une et la tend à Rabbit, puis en allume une à son tour pour allumer une paire de bâtonnets d'encens. L'odeur de l'encens semble émouvoir les chats. Un grand bleu russe s'installe sur les genoux de Rostam tandis qu'un tabby commence à se frotter aux bras nus de Rabbit, ses ronronnements noyant le silence tendu et le bourdonnement ambiant des voyages de Bakounine.

« Bon écoutez mec. Je n'essaie pas d'attirer des ennuis à votre porte, mais le fait est, que Farzaneh Torosyan a été tuée le mois dernier à Novyy Bangkok, et pourtant elle est descendue de la navette Aguirre der Zorne Goatse avec vous la semaine dernière. Et elle a été en contact avec son avocate, ce qui est étrange vous savez pour une personne décédée. Mais vous semblez la connaître, n'est-ce pas ? Alors ça me fait me demander ce que vous avez à voir avec tout ça ? » Rabbit prend une bouffée de haschisch et il brûle durement. Ce doit être un vieux sac ou quelque chose comme ça.

Hedaya prend une autre gorgée de thé. « Le Dr Torosyan était l'une de mes clientes il y a quelque temps. Je ne l'ai pas vue depuis des lustres. Je suis revenu dans la navette dont vous avez parlé, mais je ne me souviens pas de l'avoir vue à bord. »

« Et quel genre de travail faites-vous, si cela ne vous dérange pas que je vous le demande ? »

Hedaya fronce les sourcils, « Je suis dans la vente. Principalement des produits exotiques. »

« Et cela vous a amené aux Confins Humains ? »

« Il y a un marché assez ouvert sur le caravansérail de Boushra. Sans qu'aucune puissance ne contrôle cette partie du système, cela rend les marchés un peu plus ouverts qu'ici sur Bakounine. »

« Le Dr Torosyan vous a acheté certaines de ces marchandises exotiques ? »

« C'était une cliente donc oui », Hedaya se cache derrière son thé à chaque gorgée, « À part ça, j'ai peur de devoir respecter sa vie privée. Après tout, avec une entreprise comme la mienne, vous survivez grâce à la confiance et au bouche-à-oreille. »

Il est presque aussi doué que Zeta-Agbayani pour l'obstruction. Peut-être même mieux, puisqu'il n'a pas besoin de citer le chapitre et le verset du secret professionnel pour justifier ses lèvres serrées. C'est juste un homme d'affaires. Qui fait des affaires. Avec six chats, du thé, un appartement en ruine et de fréquents voyages aux confins de l'espace, où se trouvent la moitié des laboratoires noirs de Praxis. Dans un vaisseau rempli de chimères, de pupniks et de sputniks, il faut être sacrément bizarre pour s'occuper de tout ce qui peut être qualifié d'exotique de façon ambiguë. Ça pue. Pas les chats, le nez de Rabbit n'y voit que du feu, du thé et de l'encens, même si le tabby n'arrête pas de lui taper sur l'épaule. Ça sent Beauvoir et ArsTechnodivarius et toutes les petites choses sales qui font que ce confluent de communes, de cultes et d'utopies de poche dérive à travers les étoiles. Des choses qui intriguent et dégoûtent et auxquelles tout le monde, y compris Rabbit, doit un peu de loyauté réticente.

« Combien de chats avez-vous ? »

L'embardée semble pousser Hedaya un peu hors de son script alors qu'il incline la tête en réponse. « Ce sont tous mes chats. »

Rabbit ne fait même pas semblant de faire un inventaire. « Mais même celui que vous avez fait descendre du vaisseau ? Le noir avec les yeux bleus verts – c'est assez unique parmi les chats. Pas précisément noir non plus, plutôt fumée noire avec des racines blanches, mais aussi couleur rouille dans certaines lumières. Une étrange combinaison de couleurs – aucune race aussi naturelle ne fait cela n'est-ce pas ? Pourtant, vous aviez un chat comme celui-là en descendant de l'Aguirre. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? »

Hedaya se lèche les lèvres. Juste une seconde, un coup de langue. La tasse de thé cliquette un peu alors qu'il la soulève de la soucoupe. La gorgée n'est pas mesurée. C'est pratiquement englouti. Et il renverse le thé restant en le reposant.

« C'était une faveur pour un client. »

« Une faveur exotique ? » ... « Ou était-ce en fait votre cliente que vous avez embarquée dans cette cage à chat ? Du moins ce qu'il en restait après le chao pho ? » Il termine son propos par une gorgée de thé qu'il fait tourner autour de sa bouche avant de l'avaler avec un soupir exagéré.

Hedaya le regarde avec un regard noir et dur comme l'acier. Ils ne sont plus polis à contrecœur, mais carrément en posture menaçante et prêts à se battre. Rabbit est prêt pour ça, maintenant qu'il a pris son thé et son haschisch. Le chat tigré s'installe sur ses genoux et ils regardent tous les deux Rostam avec un lent clignement des yeux.

« Maintenant que vous vous êtes amusé, laissez-moi vous poser quelques questions, M. Kyoami. »

« Rrrrabit », dit-il en réponse. Peut-être que ce sont les joints ou la bière, mais sa tête nage dans la queue d'une comète, sur la bonne voie mais prise dans un nuage de poussière.

« Pour qui travaillez-vous ? »

« Dans quelle affaire, mon gars ? Le chat ou le docteur. De toute façon, c'est la même chose, mannnn. A cause du collier cube. »

« Alors dites-moi qui sont vos clients pour les deux cas. » Hedaya semble se concentrer, sa voix étant le seul détail tangible alors que le reste de l'appartement s'estompe dans l'ombre et le flou et qu'une demi-douzaine de paires d'yeux fendus regardant Rabbit.

« Grizzzzzsselda Avcı a été le premier client. Puis cette... de Praeger est venue et a doublé son prix pour trouver quelqu'un, mais cela s'est avéré la même chose. »

Une grisaille remplit la pièce, comme l'énergie sociale d'Hedaya émanant à la fréquence du ronronnement d'un chat.

« Que savez-vous du chat noir ? »

« Ils veulent le collier... il a été vu pour la dernière fois en liberté dans Sunset Boulevard, jusqu'à ce que Pink Eyes et ce con de Silje... des coups de feu et des prises d'étranglement, vous connaissez la routine ? » Rabbit rit.

« Très bien, M. Kyoami. Il est temps de se reposer » ...







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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 8




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Quand Rabbit revient à lui, la première chose qu'il voit est le chat tigré, niché sur sa poitrine, ronronnant pour le réveiller d'un sommeil imprévu. La prochaine chose qu'il voit est le visage austère de l'une des révérendes guérisseuses de l'Observance, pas sûr d'avoir fait le bon choix alors qu'elle range son médikit.

« Il est réveillé. On dirait un mélange de fayudan et de réactifs tariki. Une dose légère destinée à l'endormir et peut-être à le rendre plus réceptif à l'interrogatoire. »

Le thé, pense Rabbit, c'était du burundanga de Bourak.



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« Pourrait-il encore être sous ses effets ? »

« C'est possible. »

Le mépris à la mâchoire carrée de Bjorn Silje flotte à l'horizon.

« D'accord, Kyoami. Pourquoi ne nous facilitez-vous pas la tâche et ne nous dites-vous pas à quel culte meurtrier alimenté par la drogue vous appartenez, puis expliquez-nous pourquoi cet homme a été la cible de vos meurtres rituels dépravés ? »

Les yeux de Rabbit se révulsent. De son point de vue inversé, il voit Nemes à côté d'Hedaya, ou de ce qu'il en reste. L'architecte de la mort de Rostam Hedaya l'a gardé entier à partir de la mâchoire inférieure. Le reste de sa tête n'est plus qu'une peinture au goutte-à-goutte sur les murs et le plafond, avec suffisamment de texture et de granulométrie pour faire vomir Rabbit.



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« C'est vrai, ordure de hippie. Tu l'as mis en pièces depuis la moustache dans une rage alimentée par la drogue. Tu peux nous rappeler pourquoi tu as fait ça ? »

« Mec, Bjorn, j'étais dans les vapes quand c'est arrivé. Tu n'as pas entendu la nonne guerrière ? J'étais drogué. »

Il reçoit un coup de pied dans les côtes qui déloge le chat et double Rabbit de douleur. Il n'est pas sûr de savoir qui l'a frappé, mais il le mérite probablement pour s'être évanoui sur une scène de crime.

« C'est Sergent Modérateur Silje pour les gens comme toi. Et tu parleras de la révérende Otieno avec respect. »



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« C'est une erreur. »

Un coup de pied ferme déroule Rabbit et le pousse sur le dos pour qu'il puisse faire face à ses interrogateurs.

« Maintenant, merdeux, même s'il est vrai que tu as été drogué pendant cette scène d'horreur, comment se fait-il que je te retrouve au milieu d'une fusillade puis d'un autre meurtre en l'espace de deux jours ? »

« Quelqu'un essaye de me coller un piège ? » D'après les pings qu'il reçoit d'Omikuji, cet entretien ne se déroule pas comme prévu et Rabbit perd de sérieux points auprès de la sécurité du vaisseau et de l'Observance, ce qui le place du mauvais côté face aux autorités en place.



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« Ne me raconte pas de conneries paranoïaques, Kyoami. Tu es mêlé à Svengali et à un cadavre. Dis-moi ce que tu mijotes, bon à rien. »

« Je suis sur une affaire, comme toi. Mec. »

Le sergent modérateur Silje se penche pour l'attraper d'une main par les revers de sa guayabera et le hisser à nouveau contre le mur.

« Je vais te coincer si fort, Kyoami, que tu ne pourras plus pisser sans permission. Dis quelque chose de stupide. Donne-moi une excuse. »

Rabbit sait faire la différence entre un piège et une prise au piège. Son énergie sociale est à la traîne, mais cela ne fait pas de lui le pigeon de qui que ce soit. Et quand il est dos au mur, il sait aussi comment se défendre.

« J'ai un enregistrement d'Hedaya en train de me droguer, espèce de crétin. Et les relevés de mon comlog montrent que mes signes vitaux se sont effondrés après qu'il m'ait donné le, tu sais, micky ou je ne sais quoi. Vous n'avez pas d'arme du crime et les taches de sang sur moi sont clairement accessoires. À moins qu'être assommé soit un crime, je vous remercie d'enlever vos sales pattes de moi. »

Ils emmènent tout de même Rabbit au commissariat pour continuer à le pressurer. Il s'agit plus d'affirmer leur domination que de lui arracher des aveux. C'est la merde classique des flics à poigne. Il n'y a rien à avouer - la révérende guérisseuse- tueuse possède l'examen toxicologique pour le prouver. Mais la lueur maléfique dans les yeux de Silje n'est que légèrement retenue par les faits. Rabbit présente un dossier adjacent à celui de Svengali et Bjorn Silje a mis le grappin sur Rabbit. Tout modérateur digne de ce nom ferait à peu près n'importe quoi pour détruire la mafia de l'IA s'il le pouvait. Et Rabbit est l'occasion pour Silje de croquer la pomme de Svengali.

Il pense une fois ou deux à appeler Praeger ou même Zeta-Agbayani pour faire valoir ses droits et mettre fin à l'interrogatoire, mais Rabbit craint de devoir des faveurs à des personnes en qui il n'a pas confiance non plus. Il se contente de répondre à leurs questions, Omikuji utilisant un logiciel juridique sur Arachne pour lui donner les mots de code qui lui permettront de bloquer leurs interrogatoires : le droit au silence, un résumé des preuves ou des charges retenues contre lui, et la question de savoir si un acte d'habeas corpus justifie sa détention. N'ayant plus rien pour le retenir, Silje et Nemes relâchent Rabbit à contrecœur.

Donc, c'est la deuxième fois de suite qu'il retourne au bureau dans les mêmes vêtements que la veille, pas de bonne histoire derrière, rien même pour se vanter, cette fois un peu plus ensanglanté et débraillé et pas plus près de résoudre l'une ou l'autre affaire. Il s'avère que la scopolamine extraterrestre que Hedaya lui a administrée lui a fait faire un mauvais trip et l'a empêché de se reposer. La tête de Rabbit s'ouvre dans des gouffres de plus en plus larges à chaque bâillement et il ne peut même pas commencer à s'étirer pour sortir de sa fatigue. C'est ainsi qu'il manque presque l'apparition.

Le chat noir dont la fourrure est presque orangée dans la bonne lumière. Les yeux bleus verts fixés sur lui. Le collier pour laquelle au moins une personne est morte, peut-être plus après cette fusillade sur Sunset. Il l'attend juste devant la porte de son bureau.

Rabbit ne prend pas le temps de réfléchir à sa chance et ramène l'animal à l'intérieur pour le déposer sur son bureau. Omikuji saisit le pic de son rythme cardiaque et ferme la porte derrière lui pendant qu'il appelle Lekan sur son comlog.

"Tu n'es pas dans le bon secteur d'activité, Rabbit. J'ai entendu dire que tu avais choppé encore un cadavre, Chale. Tu aurais dû être croque-mort. Les gens t'aimeraient mieux, au moins »

« Descends par ici dès que possible, Lekan », souffle Rabbit, « et amène un lecteur de sheut. J'ai eu le cube. »

Rabbit déborde d'énergie tandis qu'il attend Lekan. Les hauts et les bas du Bayram, de la bière et du burundanga se sont estompés, le réduisant à une simple boule de nerfs. Il arpente le bureau sur la pointe des pieds, jetant des coups d'œil dubitatifs au félin perché sur son bureau. De temps en temps, il se nettoie le visage et renifle la tabatière. Mais les yeux verts et bleus sont toujours sur Rabbit. Ils le suivent. Le jugeant. Il se frotte les mains l'une contre l'autre, mais ce n'est pas pour se réchauffer. La seule chose plus effrayante que l'échec est le succès soudain. Comment savoir si c'est de l'or ou une grenade qui lui est tombée dessus ?

Lorsque Lekan défonce la sécurité de sa porte, Rabbit s'enfuit presque du bureau, oubliant qu'il est nominalement celui qui est en charge ici, que ce chat se soit affirmé silencieusement ou non sur le bureau.

« Tu as l'air d'être malade avec toi-même. » Lekan est tout sourire en coin alors qu'il rend la veste, le chapeau et le reste de l'équipement de Rabbit qu'il a oublié à la communauté.

« On dirait que tu vas te rendre malade. » Lekan sourit en rendant à Rabbit sa veste, son chapeau et le reste de l'équipement qu'il a oublié à la commune.

« Pourquoi tu ne peux pas frapper à la porte comme tout le monde ? » supplie Lapin, avant de se ressaisir. « Depuis que j'ai entendu parler de ce chat, les gens me mentent ou me tirent dessus. Je peux supporter beaucoup de choses, mais la tromperie et la violence, monsieur... ! »

« Rabbit Kyoami est un franc-tireur de la vérité et un pacifiste strict lorsqu'il s'agit d'armes. » Lekan dit avec l'embellissement d'une narration de série Maya. « Au moins, de nos jours. »

Rabbit lance un regard noir.

« Voilà en gros venir le mode difficile, chale, si Svengali s'intéresse à ce chat. »

« Rien ne vaut la facilité quand on peut le faire correctement. »

Lekan hausse les épaules et sort le lecteur de cube de l'une des pochettes de sa veste. Rabbit tend la main avec hésitation vers le collier autour du cou du chat, la tête retenue en arrière et les mains mollement devant lui comme une sorte de zombie attrapé au milieu d'une danse de thriller. Il tâte l'air d'une main, tournant son visage au cas où la bête vicieuse frapperait. Lorsque le chat ne riposte pas, ses mains se dirigent vers le bouton-pression du collier et il le détache de son cou. En prenant le badge en main, il est trivial de trouver la couture dans la construction de la fausse carte de circuit imprimé, de la faire éclater et de faire glisser le cube brillant comme neuf à l'intérieur.

« Je le savais », Rabbit est à bout de souffle. Il passe le cube à Lekan avec délicatesse comme s'il s'agissait d'un trésor fragile.

Le hacker l'arrache de sa main et l'insère dans le lecteur, le reliant à l'holoprojecteur et au sensatranslateur de Rabbit. « Tu ferais bien d'en profiter pour enlever cette fichue chemise, Rabbit. Ça va prendre quelques minutes." »

Rabbit regarde sa guayabera souillée. Il commence à faire sauter les boutons et à enlever la chemise ensanglantée pour révéler un tatouage entourant le torse et représentant un serpent géant mangeant sa queue. Il jette cette chemise à la poubelle. Espérons qu'Omn lui pardonnera. Hedaya ne le fera probablement pas.

« D'un autre côté, peut-être que ce sera très rapide », plaisante Lekan, remontant sa visière pour se masser la tempe. Il regarde Rabbit avec des yeux fauves, « Ce cube est vide... »

Rabbit se penche pour l'examiner, comme s'il pouvait voir à l'œil nu la fissure ou le défaut. "Le sheut est-il déchiqueté ?"

« Il n'a jamais été chargé. C'est un cube tout neuf. »

« Mais vide... »

Ils se regardent. De son perchoir sur le bureau de Rabbit, le chat glapit. Ils le regardent, puis se regardent l'un l'autre.

« Tu ne crois pas que... » dit Rabbit.

« Tu sais ce qu'on dit des chats. »

« Les fantômes n'existent pas, Lekan. »

« Juste une conspiration de voyants ? »

« Des fous de chats de l'espace qui racontent des histoires et projettent sur les animaux des rêves de poussière d'étoiles et les souvenirs de leurs proches. »

« Il y a cent cinquante ans, on aurait dit qu'il n'y avait aucune base scientifique pour la résurrection, et pourtant... »

Rabbit hausse les épaules et fait un geste de « je vous en prie » en direction du bureau. Dans un moment de doute, la meilleure position à adopter est celle d'une meilleure compréhension. Laissons Lekan tester la bête, voir s'il y a vraiment une âme perdue logée dans le félin. S'il a raison, deux affaires sont résolues. S'il se trompe, Rabbit revient à la case départ, torse nu, désemparé et au bord de l'épuisement total de son énergie sociale.

Lekan sort le cube frais de la machine et s'approche du chat avec une révérence pratiquée. Il lui tend la main pour qu'il l'examine. Le chat la renifle et frotte ses joues contre le bout de ses doigts. Lekan répond à ce geste par une douce caresse sur le sommet de la tête. Le chat ronronne et courbe le dos en tournant autour de la tabatière. Le Magonista lève le lecteur et actionne l'interrupteur du scanner. La DEL reliée au capteur passe du rouge au vert tandis qu'il plane au-dessus des épaules du chat qui ronronne. Rabbit et Lekan échangent à nouveau un regard, un « je te l'avais bien dit » se lisant sur le visage autrement digne de Lekan. Ce chat n'a pas seulement été pucé. Son propriétaire est en train de le monter...




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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 9



Lekan est rapide et efficace. Avec son outil multifonction, il démonte le lecteur et, à l'aide de fibres de données du vaisseau et de câbles électriques qu'il a empruntés à un panneau mural, ainsi que du chargeur à induction du sensatranslateur de Rabbit, il convertit l'appareil d'un lecteur à fente en une palette qui peut être tenue contre le cube pour les communications en champ proche. Fixer ce dispositif à un chat s'avère moins simple, mais Rabbit a suffisamment de ceintures, de sangles et de serviettes pour fabriquer un harnais. Une fois que Lekan a terminé, il fait tourner l'outil multifonction dans sa main et le range dans sa poche comme un duelliste qui range son pistolet dans son étui.

Il ne reste plus à Rabbit qu'à enfiler ce qui reste de son sensatranslateur et à essayer de découvrir quel genre de génie est enfermé dans cette bouteille de la taille d'un chat.

L'environnement virtuel médiatisé est simple et dépouillé. Un noir impénétrable nuancé de violet doux, donnant à l'obscurité sans fin un aspect de brume de nébuleuse. L'impression est à la fois éternelle et embryonnaire, une sorte de promesse éternelle d'un début sans fin. Rabbit y flotte comme son avatar, une version idéalisée de lui-même déguisé en zanni interplanétaire enveloppé dans un ensemble de formes stellaires irisées.

Omikuji voltige à côté de lui comme des bandes de papier bruissant dans le vent, son analyse lisant des conclusions dans le vide comme des mauvaises fortunes. Le cube de Farzaneh Torosyan fonctionne en direct et se trouve à l'intérieur d'un chat. Pas un chat en forme de Lhost, mais un vrai félin. Une façon ingénieuse de faire passer une femme recherchée à bord du Bakounine, mais cela n'a que trop duré. Les vrilles de l'appareil ont atteint les neurones du chat. Enregistrant son activité cérébrale. Potentiellement en écrasant son âme. C'est comme frapper à une porte quand les lumières sont allumées sans être sûr de ce qu'il y a à l'intérieur.

Dans ce vide construit, Rabbit est piégé avec rien d'autre que ses pensées. Normalement, l'orbite d'auto-réflexion est quelque chose avec lequel il est en phase, mais l'anxiété de voir non pas une, mais deux affaires glisser dans un sheut dégradant a fait rétrograder son esprit. Ce n'est pas la culpabilité qui a fait déraper sa trajectoire, mais le sentiment que les pièces se mettent en place au mauvais moment, juste après l'horizon d'une action significative, comme un météore qui apparaît lorsque la grille de défense planétaire est hors service. C'est une seconde trop tard, une pause trop courte, un point après le buzzer qui le pousse vers l'oubli.

Puis quelque chose explose dans l'espace construit. Un avatar pixellisé comme une poussière d'étoile. Il brouille les frontières invisibles de l'environnement virtuel de Lekan. Se léchant dans les coins de la perception. Se fondant dans la forme d'une manière à la fois réticente et sans effort. Elle arrive au mauvais moment, cependant, quadrupède comme elle se manifeste et se précipite sur Rabbit, prête à bondir.

Il la reconnaît immédiatement. Malgré les années et les proportions plus humaines, la ressemblance avec Griselda Avcı est troublante. C'en est trop pour une coïncidence. La révélation le frappe d'une compréhension fulgurante.

« Dr. Farzaneh Torosyan ? Je vous ai déjà rencontrée. Enfin votre Lhost... »

« Cette Zelda est rusée », ronronne l'avatar de Torosyan. « Elle est venue avec un Lhost dégradé pour négocier, mais elle a crypté une copie de son code sous forme de virus sur mon comlog. Lorsque Rostam l'a utilisé pour débloquer le Lhost en vue de l'insertion du cube, elle a détourné le clone. Elle a blessé mon pauvre Rostam, mais je suis trop rapide pour elle. Je suis aussi rusée. »

« Une Zelda ? Donc, Svengali était dans le coup depuis le début. "Négocier ? Avec Svengali ? Pourquoi ? »

Torosyan se dissout dans l'abstraction, se reformant dans une pose allongée à l'autre bout de la virtualité. Omikuji résonne de manière inquiétante à côté de Rabbit. Les analyses ne s'améliorent pas.

« J'avais besoin de fret en dehors de la lisière des Confins Humains. Depuis Anesidora, nous sommes traqués. Il n'en reste que quelques-uns d'entre nous. Il m'a promis un passage sûr. »

« En échange de quoi ? »

Le Dr Torosyan flotte pendant une seconde. Son avatar clignote à nouveau, comme si une brise invisible soufflait quelques pixels dans le vide. Pendant une fraction de seconde, Rabbit la voit lécher un bras et se frotter le visage, mais dans le rafraîchissement de sa présence, la vision a disparu et une femme ordinaire, bipède et droite, se tient devant lui.

« Il est piégé dans ce vaisseau. La mafia la plus puissante de la Sphère Humaine et elle est restreinte à ce bac à sable alors que le reste du Submondo se déplace librement de planète en astéroïde, développant leurs jolis empires. Mais contrairement à ALEPH, Svengali ne peut pas faire confiance à son gestalt. Chaque groupe en dehors de l'influence de l'original peut devenir rebelle. Comme C3rvant3s, ou Griselda, semble-t-il. Alors, pour étendre sa portée, il doit compter sur des agents humains et des Lhosts avec des virus à libération retardée et des sacs de poison pour s'assurer qu'ils reviennent au bercail. »

Rabbit se passe la main sur les tempes, réfléchissant à tous les accords avec le diable qui pourraient être conclus. Son avatar reste glacial, même si la Torosyan virtuelle le transperce de ses yeux verts et bleus.

« Mais si quelqu'un devait détourner les protocoles de Metatron ou de Dǎrǎo, poursuit-elle, il serait alors trivial d'ajouter un signal de commande et de contrôle depuis n'importe quel endroit de la sphère humaine. Il suffirait de construire un émetteur et une source d'énergie suffisamment importants pour soutenir la diffusion... »

« Votre module. »

« Mon rêve », corrige-t-elle, « où notre travail sur Anesidora pourrait se poursuivre sans entrave. Un lieu où les intelligences artificielles pourraient se mêler librement, voire fusionner, avec la conscience humaine. Une élévation de notre sapience, analogue à Uplift mais plus... sublime. »

Les sourcils de Rabbit se dressent. Ce n'est pas seulement illégal, un détail qui, en dehors de la juridiction de Toth et d'ALEPH, peut être négligé, même s'il est dangereux. Les quelques Svengali ou Robin Hook n'ont pas encore condamné l'humanité. Mais cette discussion sur l'Uplift est adjacente à la sorte de propagande qui vient des jungles de Paradiso. Non pas par les porte-parole du PCC, mais par des transmissions à large bande provenant de la Zone Niemands.

« Euh, vous êtes sûr que c'est kasher ? Mélanger des IA et des gens et les diffuser comme un Arachnecast ? Est-ce que vous pouvez même faire ça ? »

Le fantôme de la jeune femme ondule sous l'effet d'une météo invisible, de nouveaux pixels étant arrachés à chaque rafraîchissement. Un effet, peut-être, ou un symptôme du transfert de données par induction - le chat qui bouge, le cube qui se dégrade. Les morceaux d'elle s'évanouissent dans l'éther cosmique, rendus virtuels.

« Théoriquement, c'est possible. Anesidora a ouvert tant de possibilités. Mais sans ressources ?" Elle hausse les épaules : "Les proies résolvent les problèmes un par un. Acheter des heures et des jours jusqu'à la prochaine décision de vie ou de mort. J'aurais pensé à quelque chose. Je pourrais encore le faire. »

Elle dérive. Il la réoriente. « Qu'est-ce qu'Anesidora ? »

Elle a posé un doigt virtuel sur ses lèvres.

« Il vaut mieux ne pas retourner certaines pierres, M. le Détective. »

Sa main prend une teinte sombre, quelque chose de plus sombre que le vide qui les entoure. Ses yeux brillent d'un secret qui est aussi une menace. Rabbit est déjà passé dans ce trou. Pas besoin d'autres antagonistes. Pas aujourd'hui.

Mais quel est le cui bono ici ? Griselda et Pink Eyes veulent le même chat parce que ce sont les deux faces différentes d'une pièce de Svengali. L'œil au beurre noir de Rostam et le désordre de son appartement se mettent en place, avec une bonne nuance sur le responsable de l'éclatement ultérieur de son crâne avec une balle de gros calibre. Cela ne fait que trois parties intéressées sur quatre. « Mais Svengali n'est pas au courant de votre module, n'est-ce pas ? »

Le Dr Torosyan secoue la tête. « Svengali n'est pas intéressé par le "comment" de notre accord. Il savait qu'une fois sur Bakounine, il serait en mesure de s'assurer que je respectais ma part du marché... ou d'annuler l'accord." Elle s'arrête un instant : "Pauvre Rostam. Laissé comme ça. Cela a pu endommager son cube. Et toi, tu as dormi tout le temps. »

Rabbit s'apprête à protester, mais il s'efforce de rester dans le coup. « Alors qui essaie de mettre la main sur ton module ? »

Elle vacille et s'efface, alternant entre une posture humaine normale et celle d'un chat qui s'ennuie, couché sur le dos. Omikuji se déchire avec des mises à jour, dont aucune n'est favorable à qui que ce soit.

« L'immobilier... est toujours une affaire qui prend à la gorge. Celui qui contrôle l'espace contrôle. Les moyens. Le travail. L'abri. Les idées. La simple cupidité - du sang dans l'eau qui attire toutes sortes de requins ». Elle glisse entre les phrases, sa voix devenant de plus en plus décousue à chaque mot. Rabbit la perd. Elle se perd.

« Je... Je suis fatiguée, Monsieur le Détective. Ça a été long.... ça a été long. »

Rabbit se lèche les lèvres. Une occasion unique de savoir avant l'heure, de trancher le débat essentiel qui sous-tend bien plus que sa réputation au sein du cluster d'Arachne local. Il tressaille.

« Attendez, qu'est-ce que ça fait de mourir ? »

Torosyan se brise en un nuage de particules numériques, son avatar s'embrouille comme si la question elle-même oblitérait son sheut. Les pixels tourbillonnent en une tempête qui l'enveloppe dans un nuage d'être grinçant. Captif de l'alimentation de son traducteur sensoriel, il court dans un couloir, scrute le comlog pour trouver la direction du Harry's Bar, il fonctionne plus lentement que d'habitude, le contact est censé être là, les pas se rapprochent, l'enquêteur à l'extérieur de l'hôtel pose des questions, la poitrine est serrée, les rues sont vides, un craquement soudain, pas même les voyous d'Ikari qui rackettent les entreprises, une piqûre puis cinq autres, la plaque de sol en diamant qui mord la joue, un sentiment d'effroi suivi d'un froid glacial, le genre d'hiver qui gâche les récoltes avant la moisson, un murmure à l'oreille.

« C'est comme se réveiller d'un rêve. »

Soudain, la tempête qu'elle représente le dépasse. Rabbit se retourne pour apercevoir l'avatar de Torosyan, mais elle a disparu.

« Qu'en est-il de la renaissance ? »

La question résonne même si la virtualité est loin d'être vide. Elle pèse sur lui comme quelque chose dont il est désormais responsable.



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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 10



Dites-moi si vous connaissez celle-ci. Un détective médiocre et un chat hanté attendent seuls dans une rue déserte d'un quartier délabré à bord d'un vaisseau de la taille d'une nation, maintenu par du ruban adhésif, une trêve idéologique malaisée et de la salive, qui fonce à travers le vide de l'espace dans un système planétaire déchiré par la guerre où la fin de l'ère humaine commence tout juste à poindre à l'horizon. Le chat a mangé du thon et a fait une pause dans sa litière. Le détective a deux appels à passer. Qui va-t-il appeler ?

Punchline : les S.O.S. Fantômes sont morts depuis cent soixante-dix ans.



Lekan voulait venir avec quelques Magonistas pour faire la peau à n'importe quelle IA hors-la-loi qui se présenterait. Il a fallu beaucoup de persuasion à Rabbit pour le convaincre que le job avait besoin d'un vrai contender, un Wild Bill qui prépare ses tirs à distance au lieu d'un panda impulsif qui traverse les vitres en brandissant un gros bâton.

Imaginez un peu. Une femme émerge de l'ombre, comme si elle se matérialisait à partir de l'éther. Elle est à la fois familière et étrangère. Comme le souvenir d'un rêve. Elle est habillée pour tuer et porte la peau d'une femme morte.

Énigme : où se situe la limite entre la perception et l'imagination quand on n'a qu'une boussole ?

Rabbit tire le spliff de derrière son oreille.

« Je savais que j'avais pris la bonne décision avec vous", ronronne-t-elle, "je suis heureuse de vous revoir, M. Kyoami. Et toi aussi, mon petit Toro. »

Elle sort un briquet de... quelque part. Cette robe est bien trop serrée pour des poches, avec tant de tissu découpé qu'elle expose plus qu'elle ne couvre. Elle porte la flamme à ses lèvres. Il se penche. Le bout du joint s'enflamme, l'orange brûle le papier à rouler dans une transition ardente du blanc cassé au noir et au gris. Il brûle comme une mèche.

« J'ai trouvé ton chat. » Une pause. « Ça n'a pas été facile. »

Une seule corde est pincée dans l'univers. Une discorde harmonieuse, la même rengaine. Aussitôt, les notes planantes démontrent leur supériorité sur le simple lapin, leurs mondes contenus dans un seul grain de poussière zigzaguant entre onde et particule tandis que sa simple nature est balayée par le vent et les vagues. Une histoire millénaire de pièges et d'embûches sur la question de savoir si l'on peut vivre la même vie et mourir de la même façon.

Koan : un interlocuteur demande si les yeux vert-bleu ont une nature de chat-fantôme ou de chat-fantôme ? La vache répond : Meuh.

« Mais tout est bien qui finit bien pour nous. »

Son sourire énigmatique prend une nouvelle tournure. Ce n'est pas la faim, car son désir ne connaît pas le manque. Ce n'est pas de l'ironie, car son humour est sans joie. C'est peut-être le miroir à facettes de ses attentes qui, sous certaines lumières, rehausse plutôt qu'il ne déforme. Mais Rabbit peut la voir telle qu'elle est maintenant, métaphoriquement et littéralement. Le classement SRSLY de Griselda se situe quelque part dans les milliers. Un score composite d'une quasi-inconnue avec une prédilection pour les ennuis. L'offre d'argent a plus de sens maintenant. Lekan a levé le voile et la clarté pique comme le soleil sur une gueule de bois. Pas besoin de pirater l'énergie sociale alors qu'elle a pu simuler la lecture de son comlog pendant les ennuis de Candy sur Aube. Une proie facile pour quelqu'un qui peut copier et télécharger sa conscience en cachette.

« La fin et les moyens », acquiesce-t-il.

Elle lance un coup de cils à Rabbit. Ça marche, même contre le contrepoids d'amertume dans son cœur. "Laissez-moi mon Toro. Elle m'a tellement manqué."

« À ce propos... »

Certaines règles doivent être respectées. Force et contre-force. Symétrie entre deux objets agissant l'un sur l'autre. Le détective et la fatale dans un riff sur le scorpion et la grenouille. Une frontière floue reste une marque dans le sable - il s'agit juste de savoir où l'on se trouve une fois la poussière retombée.

Moralité : il faut se faire prendre avant de se faire prendre.

Les lumières autour d'eux vacillent. Ce ne sont pas les étoiles de VaudeVille qui scintillent pour eux, mais une manœuvre tactique pour plonger les cibles dans le brouillard de la guerre. Les silhouettes qui s'approchent pourraient être la cavalerie qui arrive. Mais les pointes de menace rose lumineuse sur la plus grande ombre qui se profile éclairent une autre vérité. On ne peut pas se débarrasser des démons en voulant simplement qu'ils disparaissent. Il faut un exorcisme. Une transformation et une dure vérité.

Rabbit tire une bouffée de son spliff. Il laisse le collier pendre de sa main libre. La décoration du circuit imprimé est fendue, exposant le cube qu'il contient.

« Je ne pense pas que ce soit un chat que tu cherches. Certaines choses ont été révélées, mec, qui vont m'empêcher d'honorer notre accord. »

Elle serre les dents dans un claquement déçu et relâche l'air dans un sifflement en s'élançant vers lui dans un torrent de déception et de doubles pointes humides. Le chat tombe. Le lapin s'enfuit. Et le vrai jeu commence.

Il y a assez de coups de feu pour faire rougir le Lazareto. Une cavalcade de Lhosts contrôlés par l'IA s'abat sur le dédale de couloirs de Bakounine comme une tempête et Rabbit a perdu son chapeau. Son manteau est passablement déchiré et il saigne de ce qu'il espère être une blessure superficielle aux côtes.

« A gauche au prochain carrefour en T, broda Rabbit », lui dit une voix dans sa tête. Lekan garde son sang-froid sous la pression, ferme les portes des cloisons derrière Kyoami et inonde la carte de signatures de comlogs leurres pour disperser les chasseurs. Omikuji est réduit au silence, car qui a besoin de savoir combien de sang il a perdu alors que les méchants n'ont pas encore fini ?

L'enfer d'émeraude n'a pas plus de fureur qu'une Zelda éconduite. Avec elle, les Morats paraissent faibles, les Shasvastii maladroits et les Charontides hésitants. Griselda Avcı est implacable dans sa poursuite et ne se laisse pas décontenancer par les diversions de Magonista.

« Je crois qu'elle a mis un tag sur mon comlog ! » Rabbit crie à tue-tête.

« J'ai réinitialisé ton système. Tu devrais être tranquille... oh, elle est bonne. » On dirait que même le cœur de Lekan fond lorsque la porte qu'il vient de fermer s'ouvre sur l'IA qui le harcèle.

Rabbit prend le virage à gauche. Le bruit d'une terrible destruction le suit.

« Vous m'étonnez, monsieur le détective", dit-elle d'une voix mielleuse à son oreille, douce et posée sur son comlog. "Quelle allégeance devez-vous aux morts plutôt qu'à un travail rémunéré ? »

Rabbit sent l'humidité de sa main droite, qui étreint sa poitrine pour empêcher ses parties internes de se libérer prématurément. C'est une question prudente.

« Je n'accepte pas de travail sous de faux prétextes", s'écrie-t-il. "Je ne suis pas ce genre de détective. »

« C'est absurde. »

Lekan met en évidence le prochain embranchement pour Rabbit, la flèche apparaissant en jaune vif dans son contact. La Magonista est restée silencieuse sur l'appareil compromis. Ce qui soulève la question de savoir ce qu'elle contrôle d'autre.

« Vous avez accepté ce travail sans vous poser de questions ou douter de quoi que ce soit. Ce n'est pas parce que vous me croyiez. C'est parce que vous avez cru à mon prix. »

Une IA sentiente traite ses données plus vite qu'il ne peut les percevoir. Elle goûte le sang et n'est pas encore rassasiée.

« Qu'y a-t-il, M. Kyoami ? Vous sembliez si désireux de discuter dans votre bureau." Rabbit a pour principe de ne pas parler pendant les échanges de coups de feu, et le picotement dans sa poitrine après chaque pas le rend facile à suivre. "Je pensais que nous étions amis, en quelque sorte. »

La flèche clignotante signifie-t-elle qu'il faut aller dans la direction qu'elle indique, ou qu'il faut aller dans l'autre sens parce que Griselda la suivra pour faire diversion ? Il ne peut pas demander et Lekan ne répondra pas.

« Ne suis-je pas exactement ce qui vous obsède, monsieur Kyoami ? Nouvelle fille, même corps. Un meilleur corps. Des améliorations partout pour que votre imagination s'en empare. Je peux vous faire partager des sensations dont vous n'avez jamais rêvé. »

C'est la jonction du reste de sa vie. Plus question d'attendre ou de se poser des questions. Le lapin fait un zig au lieu de faire un zag. Et trébuche directement dans les yeux roses du désespoir.

L'altérité radicale de l'efficacité et de la malice dans un grand et brillant exemple d'ingénierie et de désir post-humains à la tête d'une foule de Zeldas et de Saeligs en colère, à des degrés divers de perfection moindre, déclenche une multitude de conséquences.

Tout d'abord, Rabbit trébuche littéralement sur un morceau de tôle de pont mal fixé qui l'envoie valser.

Ensuite, Griselda le rattrape en roucoulant de déception.

« N'arrêtez pas de courir, M. Kyoami. Le plaisir est dans la poursuite... »

Ensuite, Pink Eyes décharge son fusil de précision Askari, crachant suffisamment de charge virale pour faire fondre une petite tribu antipode, chaque tir étant concentré à l'endroit où la tête de Rabbit aurait dû se trouver.

Enfin, la voix de Lekan vient hurler dans le comlog, « Rabbit, chale, quand je te dis à gauche, va à gauche, putain. »

Perdre une partie de "Lekan Says" semble être la moins mauvaise conséquence du moment. Bien que son Lhost soit doté d'augmentations qui lui permettent d'être à la pointe du sashimi tactique, même Griselda doit respecter la pulvérisation de munitions qui feront fondre sa bio-ingénierie à base de soie. La rafale soudaine l'oblige à faire un saut périlleux en arrière pour éviter de se retrouver dans la ligne de mire, épargnant la lame à Rabbit pour lui gâcher la vie avec le fusil.

Là où Pink Eyes a raté son coup, la horde de Lhosts derrière lui est prête à tuer. Il n'y a pas de retour en arrière possible avec une Griselda sifflante à ses côtés. La trajectoire de Lekan place Rabbit dos à une nuée de fusils et de mitraillettes. Il n'y a plus qu'à choisir entre le pire et le pire.

« Quoi de neuf ? »

Rabbit roule sur le bordé de pont qui s'est détaché et l'apprête avec son bon côté. Avec son côté boiteux, il tire une impulsion éclair. Prenant la plaque de pont comme un bouclier, il entame son sprint, tel un Mormaer fauché par un claquement de doigts. D'après les cris inhumains qui se font entendre derrière lui, au moins quelques-uns des secondaires ont été aveuglés par le mouvement. Mais la grêle de tirs qui s'ensuit lui indique que son succès est incomplet.

Il balance la plaque de pont derrière lui, comme le dernier espoir entre Rabbit et Katabasis. Il attrape un tir avant d'être arraché de sa prise. Juste assez pour déséquilibrer Kyoami et lui faire subir une nouvelle salve de tirs de fusil d'abordage. Il s'en est fallu d'un cheveu pour que la partie soit terminée, mais le jeu de l'esquive et de l'entrebâillement l'a ramené sur la trajectoire de Lekan, suivant les flèches dorées la tête la première dans une trappe de service. Il tire le couvercle derrière lui et verrouille une serrure d'urgence de l'intérieur, donnant un coup de pied de mule sur le panneau de contrôle avec le talon de sa botte jusqu'à ce que l'écran se fissure et que le matériel en dessous soit un gâchis de shorts et de grésillements. Rabbit a gagné du temps dans ce trou de serrure, mais il sent la pression des loups de Svengali se rapprocher.

« Je savais que j'aurais dû t'accompagner, chale, » lui souffle Lekan. « Ce lungulungu te fera sortir du pont pour te déposer dans la zone principale du secteur industriel le plus proche. Mais c'est un aller simple. Rabbit, broda, ils ont bloqué l'extrémité derrière toi et se dirigent vers le parachute de sortie. »

Rabbit s'affaisse sur le côté. Derrière lui, le bruit d'une crosse de fusil frappant l'écoutille se répercute comme un prélude de timbales à un chant funèbre exécuté avec des balles perforantes. Il n'a plus de chapeau, mais il lui reste la moitié d'un spliff derrière l'oreille. Il fouille dans ses poches. Il trouve le briquet de Griselda quelque part, heureusement, et rallume le bout brûlé. Une bouffée lui indique qu'il a perdu la majeure partie du Bayram quelque part entre la course et la chute, mais la braise trouve encore un point d'ancrage. Une fois le briquet refermé, il reste un point rouge dans l'obscurité, la seule chose qui ressemble à de l'espoir pour Kyoami, et il le brûle à chaque bouffée désespérée.

« J'espère que tu as fait le bon choix, Aristophane Sunshine. Je ne peux pas faire grand-chose de plus à partir d'ici, »

Lekan ne l'appelle pas par son nom de Bourak, sauf quand les choses sont sérieuses et graves. Rabbit commence à mettre la main sur le genou en rampant vers ce qui l'attend à l'autre bout de ce tunnel. Vers l'endroit où la décision et le destin se rencontrent.



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Wizzy

14 Août 2024 à 07:02:11 #12 Dernière édition: 16 Août 2024 à 10:15:39 par Wizzy
The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 11



Deux appels. Comme deux coups avant le dernier appel. L'un pour les ennuis, l'autre pour le doublé, et soudain Rabbit se retrouve tordu dans un trou sombre, dérapant imprudemment vers sa perte.

Ou alors, c'est comme deux prières. L'une adressée au diable qui a conclu l'accord et l'autre pour que l'ange le renfloue selon de mauvaises conditions écrites dans le sang et rassemblées en livres de chair et d'âme. Mais le publicain, bien qu'il connaisse la profondeur de son péché et puisse donc s'attendre à un minimum de rédemption, a toujours des raisons de craindre l'imposition des clous.

Rabbit est accroupi à quatre pattes devant la trappe de sortie. Lekan dit que la nuée de corps qui arrive semble provenir du même groupe de Svengali auquel il vient d'échapper. Mais c'est justement le but, d'une certaine manière. Deux appels. Adhan et Iqamah. Rapidement vers la meilleure des actions. Rapidement vers le salut. Adhan, la lente montée en puissance pour amener les fidèles. Maintenant que tout le monde est rassemblé, une fois de plus avec émotion. Iqamah, avec des racines dans l'installation, la livraison et l'être. Il est temps pour Rabbit Kyoami d'être ce qu'il est le mieux.

Il ouvre la porte et une violente distraction s'en échappe.

Il s'agit d'une entrée en scène en trompe-l'œil, qui vise davantage à éviter le coup de fusil qui arrive qu'à faire un coup d'éclat avec ses propres fusils. Mais une fois qu'il est à l'abri des éclats de plombs, Rabbit est généreux avec son flash pulse, distrayant ainsi le peloton d'exécution. Lekan est à l'affût, bloquant les gros bras avec de longues bombes carbonites qui déchirent la datasphère pendant qu'il prépare une surprise. Même Griselda joue les alliés de circonstance, se faufilant parmi les immobilisés et les aveugles avec ses pointes humides, les enfonçant dans le crâne des Lhosts malchanceux comme des langues d'argent avant que les lumières de leurs yeux ne s'éteignent.

C'est une sorte de danse délicate entre des partenaires réticents, la musique se déplaçant sur l'air de Svengali, remixé par l'improvisation quantronique de Lekan, Rabbit allumant les lumières pour que Griselda puisse osciller et tisser l'obscurité finale. Bien qu'ils partagent un pas, c'est la distance qui fait le disco, parce que Kyoami est trop sûr qu'elle porte l'aiguille pour gratter son vinyle du mauvais côté du fondu-enchaîné entre viviendo et vivisection.

Cela ne veut pas dire que le tango étoilé entre Rabbit et Griselda peut arrêter le mouvement actuel de la marche de la mort des Svengali qui commence à aller crescendo dans le chaos autour d'eux. Ce ne sont que deux notes, en contrapposto d'un thème qui s'amplifie et qui commence à les noyer.

Lekan frappe la première note de leur banjo électrique en duel. Il déclenche une horde de zonds paralysés brandissant des pistolets paralysants, de répétiteurs fastpanda, et même de koalas fous rigolant à mort avec des Lhosts haut de gamme. Rabbit a appris de la fusillade de Sunset que les civils sont fragiles et imprévisibles. Bakunin est peut-être le terrain de Svengali, mais c'est aussi celui de Kyoami, et même lui peut en tirer un certain avantage.

« Continue à les faire venir, Lekan ! » Crie Rabbit par-dessus une explosion de koala, « Ils ne peuvent pas tous les tuer. »

« Joue avec moi à la place », lance Griselda dans son comlog. Rabbit allume Omikuji pour faire le point sur la situation. Oui, il saigne toujours et non, il n'est plus connecté à Arachne. Les flèches dorées de la liberté se sont évanouies et les lignes d'horizon se rapprochent de la mort. Le flot frénétique de drones entre eux ne fait rien pour briser la fixation de leurs yeux verts et bleus sur lui. Il va être beaucoup plus difficile de respecter la règle du silence...

« Tu as pris son corps et tu as obtenu ta liberté. Ce n'est pas assez pour toi ? »

« Suffisant ? » Ses lèvres se tordent aux coins, quelque chose qui ressemble à un sourire mais qui n'en est pas un. « Qu'est-ce qu'un seul quand on peut être plusieurs ? »

Soudain, les Saeligs et les Zeldas les plus proches semblent moins préoccupés par l'idée de tuer Rabbit et sa bande de joyeux lurons. Ils se raidissent et baissent leurs armes, les yeux des Lhosts clignotant rapidement.

« Bande de crèves la faim ».

Les anciens agents de Svengali se retournent et lèvent à nouveau leurs armes, tirant cette fois sur les autres membres de leur groupe. L'armée de minuscules drones est ancrée sur place comme des statues chibi.

« C'est une prison. »

Griselda s'avance vers lui, l'aisance et la grâce de sa silhouette semblent se fondre dans quelque chose de tranchant et de mordant, qui tient plus de la terreur que de la tentation.

"Une condamnation à mort."

Alors qu'elle saute dans les airs, Rabbit ne tarde pas à dégainer. Il se tient prêt à affronter le bombardement énergétique qui jaillira de ses lunettes comme une supernova, espérant que la lumière brûlante le couvrira mieux que n'importe quel bouclier ou couverture de l'obscurité. Griselda s'abat avec l'une de ses pointes humides sur Rabbit, l'atteignant à la tempe et balayant ses lunettes de soleil de son visage, tandis que l'autre est suspendue au-dessus de son cœur. Ses genoux l'atteignent au niveau des côtes et le poussent en arrière, à plat ventre sur le sol. L'aiguille toxique au-dessus de sa poitrine le transperce juste en dessous de la clavicule, assez profondément pour couper mais pas assez pour tuer.

« C'est juste à côté de ton aorta », dit son souffle chaud contre son oreille. Ses cheveux pendent sur son visage comme un rideau, bloquant tout ce qui n'est pas Griselda. Elle a retiré la pointe.

« Ceci est à côté de ton atrium. »

Rabbit hurle. Il n'y a plus de dignité stoïque après la troisième ou quatrième piqûre.

« Ventricule ou vésicule, pourquoi as-tu choisi la mauvaise voie ? »

« Ceci. Est. Plus facile. »

« Et ça, c'est le côté droit de ton cœur. J'espère que je n'ai rien oublié d'important. »

Rabbit se tortille quand il ne couine pas. Il est tellement trempé de sueur et de sang qu'il pourrait tout aussi bien être une tache. La seule chose qu'il peut sentir en dehors de la douleur et de l'effroi est le collier qu'il serre dans sa main.

« Je le veux. Sois-tu le donnes, soit je le prends. Ne m'oblige pas à t'arracher le cœur après l'avoir brisé. »

De sa main libre, elle l'attrape doucement par le cou, comme une douce menace. Rabbit ne voit que ses yeux. Ils ne haïssent pas. Ils n'aiment pas. Mais ils semblent s'abreuver de tout ce qu'il reste de lui avec ces iris verts et bleus.

Les balles frappent son côté gauche, le bras et le torse principalement, avec un impact sourd suivi d'un grésillement. Griselda se détache de lui en gémissant de frustration, et Rabbit est presque certain qu'elle a commencé à fondre. Alors que les cheveux, les yeux et les larmes disparaissent, Rabbit voit clairement l'Alpha Saelig se tenir au-dessus de lui, tirant de la hanche pendant qu'il avance.

C'est ainsi qu'il sait que la torture a pris fin et que le supplice a commencé.


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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 12



« Il est sadique, celui-là. » Pink Eyes se renfrogne en voyant les blessures sur la poitrine de Kyoami. De sa main libre, Rabbit s'élance vers ses lunettes de soleil avec le flash pulse, mais l'aspect de Svengali lui écrase le poignet juste au moment où il passe ses doigts autour des montures.

« Ça suffit. »

Le bruit qui sort de lui alors qu'une autre partie de Rabbit se brise est inconnu et déconcertant, tant pour lui que pour l'IA. C'est Svengali qui se ressaisit le plus vite.

« Un marché a été passé avec moi et j'ai l'intention de le faire respecter. Vous avez quelque chose qui m'appartient et vous allez y renoncer. »

« Elle a menti », souffle Rabbit. Chaque fois qu'il remue les doigts, il sent à nouveau la cassure. « Elle ne savait pas comment transmettre ta conscience ou quoi que ce soit d'autre à travers les systèmes. »

« Alors je la ressusciterai et elle le découvrira ou subira la vraie mort pour ses négociations de mauvaise foi. »

Rabbit regarde fixement les yeux roses du Lhost gangrené dans le cluster Svengali et il semble, de ce point de vue, que la haine ou tout ce qui y ressemble n'y soit pas véritablement contenu. Il s'agit plutôt d'une sorte de calcul clérical, d'une sorte de darwinisme à la limite de la sociopathie, qui évalue le monde sur une base transactionnelle. Qu'est-ce qui fait pousser Svengali ? Qu'est-ce qui l'avantage là où il ne peut pas croître ? Quelles sont les conséquences pour ses ennemis et quels profits partagés engendreront de futurs alliés ? C'est à la fois compréhensible et étranger. Mais l'ensemble ne pourrait jamais être qualifié de personnel, et encore moins de haineux.

« Tu as l'air différent de ce que je pensais. » Rabbit serre les dents, ses côtes palpitant à chaque syllabe. Les bavardages dans son comlog reviennent avec la sortie de Griselda. Des flèches dorées indiquent les endroits où il ne peut pas aller, des points d'exclamation rouges pour chaque blessure subie. Des réticules de visée lumineux pour tout ce qui lui arrive.

Pink Eyes penche la tête. « Donne-moi la marchandise, tu vois. Ou je t'éclate et je balance ta sale gueule dans un sas avec des bottes en béton. C'est mieux, petit malin ? »

La modulation de la voix est troublante, amusante, effrayante et finalement très fausse. Juste une autre réfraction de la réalité faussée pour amplifier le drame. Les autres voix dans sa tête sont de plus en plus fortes. Plus près. Les mains de Rabbit se referment sur les montures de ses lunettes et déclenchent le télémètre dans l'impulsion du flash. La lumière réfractée clignote avec la force d'un enregistreur à l'agonie et le Saeling ne sourcille même pas.

« Je suis immunisé contre de telles distractions », grogne Pink Eyes.

Rabbit entend son nom. Ils sont proches. Ou il est fini. L'un ou l'autre est une sorte de fin, avec un peu de chance le genre de bang après qu'il ait gémi, « C'est aussi un désignateur de cible, mec. »

Les yeux roses du Lhost s'élargissent tandis que les pupilles se rétrécissent. L'incrédulité, la colère, la peur... tout cela est éphémère car il appuie avec son pied sur le poignet de Kyoami. Le Saelig lève son fusil pour tirer, mais même ses réflexes surhumains ne suffisent pas à déjouer la pluie de balles automatiques qui s'abat sur eux. Il semble qu'il y ait un million d'impacts à la fois, déchiquetant les vêtements, la peau biosynthétique et perçant finalement le blindage sous-cutané pour perforer les systèmes vitaux à l'intérieur. L'essaim de balles est si proche que Rabbit peut sentir la chaleur et le frémissement de chaque impact sur la carcasse du Lhost. Rabbit goûte à ce qui se passe. Le plomb défait tout, réduisant les Yeux Roses à leur essence fragile, une petite bouchée à la fois, exposant l'enveloppe du crâne, les ligaments en fibres de soie et les tendons des fils enroulés jusqu'à ce que rien ne reste intact. Et quand c'est fini, Pink Eyes est balayé comme tant de monstres et de mythologies, juste un autre méchant de la semaine de VaudeVille, à oublier alors que l'esprit du temps passe à la prochaine bataille perdue au Paradiso, au prochain spectacle de Diva Divinia, au prochain scandale ou outrage qui secouera les couloirs du Concilium ou les bars du Quartier Ultraviolet.

« Vous avez vu ça ? Je devrais être félicité pour avoir si bien tiré, » sourit Bjorn Silje. Il porte une lourde mitrailleuse sur ses larges épaules. La cavalerie est arrivée, environ six coups de couteau trop tard et prête à s'attribuer tous les mérites. Mais avec la marée de sang qui se perd dans l'éther de la fumée des armes à feu et des questions sans réponse, au moins Rabbit ne devrait plus avoir à s'inquiéter de se noyer dans ses propres erreurs.

« Je crois que je suis en train de mourir... » souffle Rabbit.

Le sergent modérateur baisse les yeux.

« Appelez une révérende. On a une hémorragie ici. »

Faites deux appels. Il y a deux types de joueurs, ceux qui jouent avec les probabilités et ceux qui font confiance à leur instinct et lancent les dés. Rabbit fait partie de cette dernière catégorie, même s'il veut faire croire le contraire. Alors, si la recherche du chat s'accompagne toujours d'une forte dose d'ennuis supplémentaires, pourquoi ne pas en faire part au client qui n'a pas été à la hauteur ? Et s'il sait que les ennuis de Lekan et lui vont dépasser les capacités de Lekan, pourquoi ne pas faire en sorte que Silje ait aussi du mal à s'en sortir ? Quand on est coincé entre le marteau et l'enclume, il ne faut pas se mettre entre les deux. Laissez-les s'écraser l'un contre l'autre et faites de la place pour passer de l'autre côté. Si Rabbit pouvait revenir en arrière et faire les choses différemment, la seule chose qu'il changerait, c'est le timing. Et les blessures à la poitrine. Et le poignet cassé.

Mais sinon, cette affaire se déroule à merveille. Elle s'est en quelque sorte résolue d'elle-même, une fois que les coups de feu et les coups de couteau ont commencé.

En serrant les dents, il regarde le révérend guérisseur Killer Otieno arriver en vue, les lumières d'urgence entourant sa capuche rouge dans un halo sanguin. La respiration de Rabbit devient saccadée alors qu'il attend le jugement qu'elle s'apprête à prononcer. Elle n'est ni trop précieuse ni trop délicate dans sa façon d'ouvrir sa chemise et de poser son médikit sur sa poitrine. En PanOcéanie, on appelle ce moment avec un médecin du champ de bataille muerte o merced. Comme la plupart des fusiliers, Rabbit ne fait pas la différence entre les deux. Il ferme les yeux.

Il a mal.

Le sérum devrait aider à coaguler les blessures et à neutraliser le poison, mais vous aurez besoin d'une thérapie et d'un rétablissement pour que les côtes cassées guérissent. « Elle trace cliniquement son doigt le long de l'irezumi du serpent mangeant sa queue qui croise son cœur, " ἓν τὸ πᾶν ". Inspiré par la cybernétique ? »

Rabbit respire à nouveau, une sorte de fraîcheur emplissant ses veines alors que la douleur s'émousse en un sentiment de nerfs tendus et d'euphorie vague. « C'est un truc jungien, monsieur. »

« La dualité est son propre type de récursion, une fois que l'on accepte l'unité du tout. Quoi qu'il en soit, vous vivrez. La cicatrisation des blessures devrait améliorer la pièce. »

Kyoami expire un nuage de patchouli vicié et d'effroi qui lui pesait sur la poitrine. Ce n'est pas le même soulagement, mais...

Il lève la main gauche, libérant enfin la griffe qui entourait l'ancien collier de Toro, le prétendu chat. « Pouvez-vous donner ceci au voyou à la mitraillette et lui dire que c'est la raison de toute cette fusillade ? »




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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 13



Savio Praeger est assis au milieu d'une superbe table sculptée en bois de Burlwood d'Acontecimento. À sa gauche et à sa droite, il est entouré d'une demi-douzaine des meilleurs associés juniors d'Avedikian, de Maier et de Somtow, ainsi que d'une poignée de parajuristes et de sténographes qui se tiennent dans les coulisses, comme des serviteurs de cour. Derrière lui, la lumière du jour provenant de VaudeVille emplit la salle de conférence d'une splendeur divine. Les bureaux du cabinet sont situés juste à côté de la rue principale. Suffisamment proches pour que les clients puissent profiter des délices de VaudeVille, mais suffisamment éloignés pour qu'ils aient l'air stables, professionnels et, par-dessus tout, maîtres de la situation.

En face, Sanchita Zeta-Agbayani est assise seule, dernier défenseur d'une sorte de Thermopylae juridique. C'est sur cette colline que son client mourra au sens figuré, sans Thespien, Héliote ou Thébain en réserve.

Rabbit lui-même est sur le côté, soit un Ephialte ou un Tyrrhastiadas, selon la perspective, soit simplement un Aristophane pris au piège de l'agonie bureaucratique.

« Conformément au rapport d'incident déposé par le modérateur Nemes, ainsi qu'aux conclusions de notre propre enquête privée, nous pensons qu'il y a suffisamment de preuves pour conclure que votre cliente a été tuée lors d'une dispute sur Novvy Bangkok et qu'un Lhost cloné lui ressemblant a subrepticement pris son identité pour le compte d'une intelligence artificielle hors la loi. »

Zeta-Agbayani se montre plat, méprisant : « Vous dites que ma cliente est morte. Je comprends. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous vous en souciez. »

« Ces circonstances, une fois rendues publiques, invalideront son droit sur un certain module privé et le rendront accessible à la loterie publique. Nous pensons qu'il y a une fenêtre étroite de disponibilité pour faire le transfert de ces droits à une partie intéressée et éviter la bureaucratie gênante d'un long processus d'homologation. »

« Je vous ai vu tourner autour de ce cadavre comme des vautours à un kilomètre de distance. Il semble que vous ayez besoin de quelque chose de la part de mon client. Ce que je n'entends pas, c'est une offre. »

Praeger sourit, ses mots prudents sont une sorte de sort qu'il essaie de tisser, « Mon client est le prochain à recevoir un module. Cependant, les deux parties gagneraient du temps et s'épargneraient des démarches administratives fastidieuses si nous parvenions à un accord et à un transfert d'acte avant... »

« L'argent parle, les conneries marchent, Savio. Crache le morceau. »

« Votre cliente a dépensé une somme considérable pour un Lhost personnalisé et un passage à Bakounine. Maintenant qu'elle est morte, nous savons tous les deux qu'il reste très peu d'actifs pour couvrir votre temps et vos efforts. Tout ce qui est en possession de l'intelligence artificielle sera saisi par le corps des modérateurs une fois qu'ils auront localisé l'IA scélérate qui se fait appeler Griselda Avcı. Cela vous laisse le défi de clore les affaires de votre client avec peu ou pas d'espoir d'être récompensé. Nous sommes prêts à vous faire une offre qui permettra à notre client d'économiser du temps et de l'argent et qui garantira que vous serez pris en compte financièrement tout en accomplissant cette tâche peu enviable. »

Praeger fait un signe de tête à un associé qui sort un paquet de documents d'une mallette et les fait glisser sur la table. Zeta-Agbayani les prend et plisse les yeux en lisant le contrat.

« Il est crypté », dit Praeger avec un sourire de plus en plus large, "pour empêcher la copie ou l'enregistrement par des implants ou d'autres dispositifs ».

Zeta-Agbayani grogne. Elle se remet à feuilleter la pile de papiers, son doigt traquant les clauses et les dispositions. Satisfaite d'avoir compris l'offre dans son intégralité, elle pousse les papiers sur la table, s'adosse à sa chaise, les mains derrière la tête, et lève les pieds.

« Doublez-la, non-triplez-la et nous signerons. »

« Mme Zeta-Agbayani, les conditions sont plus que généreuses... »

Elle fait un signe de la main : « Votre client peut se le permettre. S'il peut couvrir les heures facturables d'une petite armée de larbins juridiques, tripler les frais de nuisance ne fera pas sauter la banque. Je suppose que nous avons un accord ? »

Le sourire de Praeger ne se brise pas, mais Rabbit pense que ses dents sont peut-être un peu plus serrées que d'habitude.

« Les conditions sont... acceptables ». Avec un signe de tête, l'un des associés de Praeger sort un stylo à encre plaqué or et commence à parcourir le paquet, en faisant des rayures et en inscrivant le montant augmenté. L'associé remet ensuite le paquet à Praeger, qui appose ses initiales pour approuver les nouvelles conditions avant de le rendre à Zeta-Agbayani avec le stylo. L'avocate du docteur Torosyan s'applique à examiner minutieusement les conditions révisées et à contre-initier chaque changement. Lorsqu'elle est convaincue que l'augmentation du paiement est justifiée, elle signe avec force.

« Avons-nous terminé ? »
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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 14



Une fois la porte refermée derrière Zeta-Agbayani, c'est une scène d'auto-congratulation emphatique. Les porte-documents sont fermés d'un coup sec. Les avocats se lèvent d'un bond et se serrent vigoureusement la main. Les assistants juridiques sont chargés de rédiger un communiqué exprimant en termes clairs la manière dont une équipe talentueuse de professionnels accrédités a remporté une victoire éclatante au nom de leur client. Une petite légion d'employés de bureau commence à organiser un déjeuner avec traiteur. Les efforts du cabinet valent chaque dollar dépensé.

Rabbit s'approche prudemment de Praeger.

« M. Kyoami, excellent travail. Notre client a choisi de rester anonyme, mais il m'a personnellement fait part de sa satisfaction quant au travail que vous avez accompli pour mener à bien cette affaire. » Quelqu'un en nœud papillon et gilet passe, distribuant scrupuleusement des flûtes de champagne, à une exception près. Praeger prend la sienne sans en offrir à Rabbit.

« C'est super, mec, je voulais juste vous parler de mes honoraires. Notre accord prévoit des dépenses... »

Le sourire de Praeger est une sorte de rictus corporatif, d'une qualité et d'une résistance que seules les meilleures BouBoutiques peuvent greffer.

« Oui, eh bien, vous voyez. Ce Lhost m'a cassé le poignet et un autre m'a fendu les côtes comme des ailes de poulet », dit Rabbit en battant son plâtre et son écharpe. »Sans compter le coup de couteau et je me demandais si le cabinet pouvait, euh, m'aider à payer les frais médicaux, vu la façon dont j'ai été mollywopped au nom de notre bienfaiteur anonyme... »

« Je suis désolé, M. Kyoami, mais je ne pense pas que cela corresponde à la définition des standards. » Praeger s'excuse, mais son sourire ajoute un « suceur » tacite à ses paroles.

« Je veux dire que nous n'avons pas vraiment négocié des standards, mec. Je suis un professionnel, tu sais. Il faut s'en remettre à mon expertise pour obtenir satisfaction. Sans compter que je me suis vraiment surpassé sur ce coup-là... »

« Et nous apprécions cet effort, M. Kyoami. Nous ne manquerons pas de le noter dans votre dossier pour la prochaine fois que nous chercherons des enquêteurs. Mais nous ne pouvons pas rogner sur la marge de notre partenaire pour couvrir les dépenses collatérales encourues en dehors des termes du contrat. Je crains que ce ne soit une mauvaise affaire ».

Rabbit commence à s'énerver. « Qu'est-il arrivé au partage et à l'échange ? »

Le sourire de Praeger prend une tournure pédagogique : « Je ne savais pas que vous étiez un bénéficiaire de la succession Torosyan - quoi qu'il en soit, nous ne sommes pas partie prenante dans la disposition de ces actifs. Mais je pense que ce que vous voulez vraiment savoir, c'est si vous recevez votre juste part. Nous avons présenté des conditions. Vous avez signé un contrat. Je suis sûr que dans les modules que vous fréquentez, de tels accords sont plus fluides, mais dans ce bureau, vous êtes en dehors des fantasmes privés des idéalistes et des cinglés. Nous sommes dans le monde réel. Si vos méthodes et votre expertise vous obligent à subir des dommages corporels, vous devriez négocier de meilleurs tarifs. Sinon, vous avez fourni un service. Nous avons payé comme promis. C'est la définition même de l'équité. »

« Pourquoi m'as-tu choisi, mec, franchement ? » Rabbit s'interroge : « Est-ce que tu étais au courant de cette histoire de Svengali et tu t'es dit que puisque j'étais mêlé à tout ça, tu pouvais me filer quelques dollars de plus pour avoir la confirmation que Torosyan était bien mort ? »

Praeger est imperturbable. « Comme je l'ai dit lors de notre première rencontre, nous vous avons choisi en raison de vos qualifications et de votre profil unique. Rien de plus. Rien de moins. »

Rabbit n'est pas convaincu et s'exclame bruyamment.

« Maintenant, M. Kyoami, il n'y a pas de raison de s'énerver. Vous avez fait un travail. Le client est content. Vous avez été payé. Pourquoi ne pas vous joindre à nous ? L'un des associés est néo-mormon et ne peut pas boire de toute façon. » Praeger claque des doigts et, tel un magicien, il matérialise une flûte de champagne dans les mains de Rabbit. D'un geste de la main, il fait apparaître une assiette d'amuse-gueule : « Savourez un peu d'aviscane. Vous l'avez bien mérité. »

Rabbit réfléchit. Un verre de bulles dans une main, un cochon dans une couverture dans l'autre, entouré de costumes aux sourires parfaits dans une salle de réunion élégante remplie de bois rares et de documents juridiques triplement cryptés, Rabbit se demande s'il a eu exactement ce qu'il méritait.

« Vous savez, Praeger, une chose me tracasse. Il y a une chose qui me gêne. Torosyan a travaillé pour des gens peu recommandables avant de s'enfuir. »

« Je ne vois pas en quoi cela nous concerne. »

« C'est le problème, cependant. Le chao pho qui l'a tuée, c'est un coup du gang. Si la Main Noire voulait la faire taire, elle aurait pu attendre qu'elle revienne à Bakounine. Nous savons que ce n'était pas Svengali, parce qu'ils avaient un accord. Donc, un autre membre du submondo a dû vouloir la tuer. Cela signifie qu'un tiers l'a fait assassiner ».

Le sourire de Praeger ne faiblit pas, mais ses yeux expriment beaucoup de choses. « Vous insinuez quelque chose ? »

« Non, juste une idée. »

« Eh bien, voilà une idée, Rabbit », dit Praeger en lui tapant sur l'épaule de son mauvais bras. « Pourquoi ne pas essayer de vous amuser ? »

Avant que Rabbit ne puisse répondre, Praeger se détourne de lui, prend une autre coupe de champagne et la lève en guise de toast.

« Excellent travail, tout le monde. Je voulais juste prendre un moment pour saluer nos efforts inlassables... »

La vieille manœuvre du « tuer par la gentillesse ». Kyoami l'a déjà vue et n'a aucune envie d'être réduit au silence. Rabbit pose tranquillement son verre sur la table et se dirige vers la porte. En sortant, il jette le hot-dog enveloppé de pâte dans la poubelle. La secrétaire de la réception sourit lorsqu'elle le voit traverser le hall.

« Bonjour, monsieur. Avez-vous parlé à M. Praeger ? Qu'a-t-il dit au sujet des factures médicales que vous avez soumises ? »

« Bonne nouvelle », dit Rabbit en soulevant son chapeau, "Savio a dit de les payer dans le cadre du contrat".


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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 15



Sanchita Zeta-Agbayani attend devant les bureaux du cabinet Avedikian, Maier et Somtow, lorsque Rabbit sort par un ascenseur très lent. L'expression de son visage lorsqu'il émerge de ce repaire de décadence et d'iniquité ressemble à la réaction que l'on a lorsqu'on trouve quelque chose de vieux, de poilu et qui pousse dans le fond du réfrigérateur.

« J'avais tort à ton sujet », dit-elle enfin alors qu'ils montent ensemble. Rabbit la laisserait bien passer en premier, mais il est presque sûr qu'elle refermerait les portes sur lui s'il le faisait. « Tu es comme la plupart des salauds de ton secteur d'activité. »

Rabbit passe en revue toutes les choses qu'il pourrait dire - qu'elle aurait pu le mettre au pas et qu'ils auraient compris que Griselda se faisait passer pour sa cliente ; ou qu'entre deux groupes de Svengali, les Modérateurs, les clients louches de Praeger et une victime dont la conscience est maintenant fusionnée avec un chat, il a plutôt bien réussi à lier les intérêts de chaque partie sans mourir et que cela mérite un chèque de paie ; ou qu'au moment de passer à l'action, Zeta-Agbayani n'a pas hésité à encaisser elle-même, au triple de la valeur offerte. Ou peut-être que tout le monde a un prix, et que pour une fois, au lieu de payer le sien, Rabbit en mérite un peu, et que ce n'est pas une raison pour se laisser culpabiliser par un autre profiteur.

Au lieu de cela, il dit : « Parfois, il s'agit juste d'un travail, vous savez ? »

L'ascenseur les dépose à l'entrée arrière du rez-de-chaussée. Dans le quartier d'affaires encombré, la lumière du ciel artificiel ne les atteint pas tout à fait. Au lieu de cela, le paysage est fait d'ombres et de morosité, une sorte de brume oublieuse dans laquelle ils s'évaporent, devenant l'éther d'un navire dont la légende obscurcit le labeur des individus qui l'ont forgé et qui sont, à leur tour, brisés par lui. C'est le genre de monde auquel l'énergie sociale fait allusion, mais qu'elle ne capture jamais vraiment.

L'avocate de Torosyan s'apprête à partir, heureuse de laisser l'oubli effacer de sa vie l'expérience vécue avec Rabbit Kyoami, lorsqu'une silhouette encapuchonnée tenant une caisse à chat sort de la ruelle voisine.

« Qu'est-ce que c'est, une agression ou une farce ? » Zeta-Agbayani porte la main à sa hanche.

Lekan hausse les épaules et compose en douce le numéro de son Sameer.

« C'est votre client », intervient Rabbit.

« Je pensais que ma cliente était dans un cube en possession du Corps des Modérateurs, en attendant sa libération lors de la loterie de résurrection. »

« Une simple question de travail policier bâclé, d'identité erronée et, euh, de main droite qui ne sait pas ce que fait la main gauche. Vous voyez ? » Rabbit fait un mouvement de haut en bas avec son poing.

Zeta-Agbayani fronce les sourcils, « C'est une sorte de blague, n'est-ce pas ? »

Rabbit secoue la tête. « Nous leur avons donné une chance. Le cube autour du collier de ce chat n'a jamais été Farzaneh Torosyan. Hedaya l'a mis dans le chat au cas où ceux qui la recherchaient les rattraperaient, en espérant qu'ils mordraient à l'hameçon et oublieraient le félin. Hedaya pensait pouvoir transférer le cube dans un Lhost qu'il avait mis dans la glace une fois de retour sur le vaisseau, avec un soutien minimal de la part du chat. Mais Griselda avait infecté les clés du comlog pour l'activer et elle prit le clone pour elle seule avant de lui mettre une raclée. Mais même elle ne savait pas ce que contenait le chat après que Svengali l'avait tué. Le transfert était donc un leurre et tous les autres le poursuivent ou sont morts. Faire en sorte que votre cliente soit déclarée légalement décédée est la dernière étape pour s'assurer que personne ne soit sur sa piste. »

Sanchita reste dubitative : « Les modérateurs sauront qu'il s'agit d'un cube vierge. »

« Cela n'a pas d'importance pour eux tant qu'ils peuvent clore l'affaire. A l'heure qu'il est, ils l'ont probablement transmise à la Main Noire, qui, j'en suis sûre, est heureuse que Torosyan soit oubliée. »

« Et quoi, je suis censé la nourrir de croquettes pendant les vingt prochaines années ? »

Lekan regarde Rabbit et Rabbit regarde le chat. De jolis yeux verts et bleus sur un visage large. Elle bâille et cligne des yeux.

« Euh... on pensait... »

« Le sheut de Torosyan est en train de se désintégrer », interrompt Lekan. « Tout transfert risque de provoquer un trouble dysmorphique de la résurrection. La meilleure chance pour elle n'est pas un nouvel hôte, ni même un Uplift, mais un cyber-cerveau pour le chat. Les personnalités devraient pouvoir coexister raisonnablement en tant que chat et humain... ou presque. »

« Une telle procédure est risquée », dit Zeta-Agbayani en connaissance de cause. Travaillant à côté du Quartier Ultraviolet, elle en sait forcément plus que l'un ou l'autre, « Et coûteux, si vous voulez qu'un savant fou compétent s'en charge. Ces fouines étaient bien payées, mais pas assez pour couvrir ce genre de créativité. »

« Je peux mettre vingt-cinq mille de plus », dit Rabbit. « Jusqu'où cela nous mènera-t-il ? »
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Wizzy

The Strange Cases of Rabbit Kyoami - Chapitre 16



Ils conviennent que Lekan effectuera le paiement à la BouBoutique afin de dissimuler le flux des fonds. Si Avedikian, Maier et Somtow se posent des questions sur l'argent ou sur des détails à régler, les « services quantroniques rendus » par un collectif de hackers agressivement politiques constitueront à la fois une boîte noire financière et un moyen suffisant pour les dissuader de toucher à l'ours. Le chirurgien qui leur enlève Toro est un fumeur invétéré avec une tête de céphalopode arlequin et une paire de pince-nez noirs de jais. C'est une sorte d'assurance « pour nous, par nous ». Une fois les arrangements terminés, Zeta-Agbayani ne s'attarde pas, échangeant ses contacts privés avec Rabbit au cas où elle aurait besoin d'un enquêteur et, scénario plus probable, qu'il ait besoin d'un avocat. Lekan et Rabbit restent donc assis l'un à côté de l'autre dans la salle d'attente, ne partageant rien d'autre que le temps et un spliff, le dernier du Bayram.

« Celui-là, Praeger. Je peux le mettre sur Novvy Bangkok et la semaine avant que Torosyan ne devienne un chat. »

Rabbit s'en doutait et lui passa le joint. « Mieux vaut s'asseoir dessus, au cas où nous aurions besoin d'un levier. »

« Rabbit, chale », Lekan exhale un nuage sombre d'hypothèses, « Tu crois que ces avocats vont te laisser partir avec de l'argent pour tes factures aussi ? Les azaa et les coatie vont te supprimer quand ils le découvriront. »

Rabbit hausse les épaules : « Ils ont gagné, Lekan. Pourquoi me poursuivre pour de l'argent de poche et risquer une complication ? »

« Tu es asem et wahala, mon frère. Ça en valait la peine ? »

Rabbit prend le joint qui lui est offert. En le portant à ses lèvres, il inspire profondément la question. À la fin de l'épisode, l'IE se fait la malle. Les batroïdes Unidron gisent en tas brisés de chair cultivée en cuve et de circuits extraterrestres, leur blindage ayant volé en éclats sous le feu concentré des mitrailleuses lourdes et le napalm patriotique des grunts qui s'infiltrent dans la zone. L'antagoniste extraterrestre, qui a été éloigné de Candy par une roquette bien placée, bat en retraite avec ses forces restantes dans les montagnes au sud du désert de Velasco, grommelant sa défaite. Le soleil se lève sur les nuages de la brume sombre et la main d'une Riveuse USAriadnaise rude et tumultueuse ramasse Candy sur le sol détruit, les nanites étant bannies sous les rayons décapants d'une Aube victorieuse. Une équipe de Devil Dog hurle son triomphe. Les téléspectateurs baignent dans un soulagement larmoyant lorsque Candy est enveloppée dans une couverture de traumatisme par une unité 112 et transportée d'urgence vers une équipe de renseignement de la Stavka pour un débriefing. L'héroïne est sauvée. Un scandale est révélé. La série se termine sur une note positive avec des records d'audience et de rediffusion.

Ce qui est moins connu, c'est que la bataille elle-même n'est guère plus qu'une feinte glorifiée de la Force de contact Onyx. Un coup de relations publiques pour l'USAriadna, certes, mais le désespoir est dans l'air. L'armée combinée a ouvert un deuxième front et le blocus de Daybreak a échoué, malgré les nouvelles incessantes d'un succès absolu sur Paradiso, où, sous les gros titres et les histoires d'intérêt humain, le front s'agrandit chaque jour, tandis que l'intelligence évoluée détruit des dizaines de défenses d'élite de l'humanité avec une voracité inégalée. Plus tard, il apparaîtra que le détournement a détourné des forces et des ressources de la véritable tête de pont sur Novvy Cimmeria, elle-même révélée seulement lorsque les batteries antiaériennes de l'OCF se croient à tort détectées et abattent plusieurs ekranoplans mérovingiens, réduisant de fait un quart de la force militaire de l'Ariadna au service de garde et à la reconstruction. Le dernier combat du groupe De Hell est célèbre, mais son héroïsme, comme celui de la force des Rangers de l'USAriadna avant lui, éclipse à peine le bilan de plus en plus lourd de la guerre.

Griselda est toujours là, quelque part. Un autre groupe Svengali sera mis en place pour remplacer Pink Eyes, et peut-être d'autres, car il cherche à améliorer sa structure de commandement et de contrôle. Ceux qui tirent les ficelles d'Avedikian, de Maier, de Somtow et de leurs associés du submondo ont maintenant leur propre tête de pont sur Bakounine même. Rabbit est toujours fauché. Au bout du couloir, le médecin revient avec la cage à chat à la main, sa voix accentuée annonçant que la procédure a réussie. Les hauts d'une affaire classée compensant les bas de quelques fusillades publiques, Omikuji envoie une notification indiquant que le SRSLY de Rabbit s'agrandit. Le niveau 4000 est à portée de main, continuez à développer votre activisme pro-social ! Son loyer est payé jusqu'à la fin du mois. Dans l'obscurité, une paire d'yeux verts et bleus promet que quelque chose observe, voire encourage le succès de Rabbit.

« Je ne sais pas, mon frère, mais il faut célébrer les petites victoires. "







FIN


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Wizzy

Et c'est la fin de la trad de ce roman illustré, dommage que les illustrations n'aillent pas jusqu'à la fin.
J'ai fait un récap en format pdf ici :
https://www.cjoint.com/c/NIgkEwoBF5V
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