[Récit] Qui suis-je...

[reptor]

Je suis né dans la fureur des combats, l'enfer est mon pays, le sang ma boisson.
Je suis un Morat et en tant que tel, je ne crains ni la peur, ni la mort.
Je ne vis que pour le combat et la grande faucheuse m'accompagne.

Mon Initiation je l'ai faite dans le ventre de ma mère. J'ai remporté ma première victoire. J'ai tué mon frère pour gagner le droit de vivre.
Barbare diriez-vous ?, personnellement je dirais sélection naturelle. J'ai fait le choix de la vie. Ma mère n'ayant pas assez de ressources vitales pour deux fœtus, j'ai dû tuer mon frère plus âgé que moi pour survivre.

Je suis né le jour de la Chasse, dans le clan des Urhamras, et chez nous, tout le monde participe à la Chasse, femme et enfant, il n'y a pas de place pour les faibles.

C'est ce jour, que ma mère m'a posé là, au détour d'un buisson. Il ne lui a pas fallu longtemps pour me mettre au monde, quelques secondes d'intense effort et de hurlement étouffé, et puis, elle a repris sa chasse, afin de ne pas être distancé par les autres et pour ne pas manquer l'issue fatale de cette course sans fin.

Mais les relents de sang et de viscères qui émanaient de mon corps et me recouvraient jusqu'aux ongles ont attiré tous les prédateurs les plus dangereux d'Ugarat.

J'ai vu leurs silhouettes s'approcher à pas feutré de mon corps, j'ai vu couler la bave de leurs babines à la vue du sang et j'ai vu dans leurs grands yeux luisants la porte des morts.
J'ai alors tenté de déplacer ce corps, encore trop engourdi par les jours de gestations. Et j'ai haïe, oui j'ai haï l'univers pour m'avoir donné un corps aussi frêle.
Vautré dans le sang encore chaud des entrailles de ma mère, j'ai attendu la mort en la regardant dans les yeux.
C'est alors que les combats ont commencé. Chaque prédateur se disputant ma carcasse à grands coups de griffes, crocs et cornes.

Je suis resté là, couché, immobile, léchant à grande lampée ce breuvage divin qui m'inondait, attendant patiemment que la vitalité face surface dans cette enveloppe charnelle si jeune et si vide...

[A SUIVRE]...

[reptor]

[...]
De longues minutes s'écoulèrent.

Je sentais à chaque déglutition le sang chaud s'écouler dans ma gorge ainsi qu'une douloureuse chaleur m'envahir.

Je puis enfin prendre possession de mon corps, chaque parcelle de mon être s'étant mise à palpiter.

J'ai senti la puissance m'envahir et j'ai souri.

Devant moi, les combats s’étaient terminés. Tous les belligérants avaient fui ou gisaient mort. La scène était maintenant envahie par une nuée de divers insectes venus pour se repaitre des cadavres encore chauds.

Seul un animal de la taille d'une colline au long poil noir et à l'oeil vitreux se tenait là dressé sur ses pattes arrière, humant l'air d'un air inquiet.

Cette monstrueuse créature semblait avoir reniflé quelque chose qui la dérangeait profondément, et elle semblait en face d'un choix drastique.

Devant cette hésitation, je bondis dans sa direction, aussi haut et loin que le pût ma faible constitution.

Je réussis à attendre son flanc, et grâce à ses longs poils à m'agripper à elle. C'est à cet instant que je me rendis compte de mon erreur.

L'immense créature se figea, comme saisi d'une peur panique, provoquant en elle un subtil changement moléculaire qui se caractérisa par une transformation de tous les poils de son corps en de fines lames effilées.

Je lâchai donc prise rapidement afin de pouvoir conserver mes doigts en bon état et surtout utilisables et vint m'écraser lourdement au sol au milieu des cadavres.

Cette manoeuvre m'ayant quelque peu vidé de ma force vitale, j'eus toute la peine du monde à me redresser. Et c'est tremblotant que j'attendais la confrontation finale.

La créature ne semblait prêter aucune attention à ma présence. Elle se redressa sur ses pattes arrière, mais n'eut pas le temps d'en faire plus.

Je compris enfin pourquoi c'elle-ci semblait si inquiète.

Une nuée d'insectes volants de la taille d'un poing piquèrent directement sur elle à une vitesse phénoménale.

Je finis par ne plus distinguer qu'un nuage bourdonnant soulevé de soubresaut çà et là. Il n'y eut aucun grognement, ni hurlement ; rien. La forme finit par s'affaisser sur le sol, et la nuée d'insectes s'attaqua au cadavre environnant.

Je découvris non sans joie qu'il ne restait plus rien de ce monstre qui se tenait là devant moi quelques secondes plus tôt. Même ses os avaient disparu, grignotés par des milliers de mandibules avides de sang.

Je restais là debout, chancelant. Malgré les profondes entailles sanguinolentes de mes mains, je serrais les poings, prêt à en découdre coute que coute.

La nuée s'approcha de moi, nettoyant le sol de toute carcasse fraiche. Rien ne semblait pouvoir entraver son inexorable progression.

J'imaginais sans peine ma fin. Ma peau arrachée et déchiquetée par des milliers de minuscules dents, qui s'enfonçaient toujours plus avant dans mes chairs.

Mais à ces pensées quelque chose se déclencha en moi, je m'écroulai sur le sol. Ce que c'était, je ne peux le dire, mais le résultat fût des plus surprenant.

À quelques mètres de moi, la nuée s’était arrêtée, comme si je n'étais plus là, je n'existais plus. J’eus l'impression que les insectes discutaient entre eux de la conduite à suivre, quand soudain ils reprirent leur envol et disparurent dans le ciel rougeoyant.

Il est vrais que ce n'était pas une bonne journée pour mourir sans combattre ...

Je reste là, à quatre pattes, le regard dans le vide.

Il semblerait que j'ai déjà grandi, que j'ai déjà compris que ma vie ne serait qu'une lutte perpétuelle, un combat acharné et que celui-ci ne finira que lorsque je serais mort..

J'entends du bruit, des pas, on vient dans ma direction. Puis ce dialecte qui résonne à mes oreilles, qui m'extirpe de ma torpeur. Ma vision s'affine et je vois un adulte, un membre de ma tribu. Il est penché sur moi, et me scrute de ses yeux jaunes. Il me pousse du manche de son bâton en marmonnant quelque chose. Je râle de douleur et tente de faire face. Je me hisse sur mes petits bras en tremblant, mais retombe sur le sol. Ma force me quitte et je sombre dans les ténèbres.

[A SUIVRE]

[Lt special SHUN Lao]

 
coool, on ressens la vitesse et l'affolement dans le texte. Ca donne l'impression d'être le marmot morat affolé mais instinctivement vaillant avec brillo 

Une question me turlupine que vas-t-il lui arrivé après

[reptor]

Une vague odeur de viande grillée me tire de mon sommeil bienfaiteur. J'ouvris alors les yeux sur un lieu inconnu.

Il fait sombre et humide. Une forte odeur de terre imbibe l'atmosphère, les murs semblent luire d'une lueur morbide. Je suis allongé sur le dos sur une dalle de pierre dans ce qui semblerait être le centre d'une caverne. Il émane de ce lit de fortune une douce et agréable chaleur, allant presque jusqu'à me faire oublier que mes mains me brulent horriblement. Elles semblent bruler d'un feu intérieur. En les approchants de mon visage tuméfié, je constate que c'elle-ci son enduites d'une sorte de gélatine jaune malodorante.

Mon corps semble avoir atteint sa pleine maturité et je tente bien maladroitement de me redresser sur mes coudes. C'est alors que je m'aperçois que je suis solidement attaché au sol par une corde visqueuse tressée.

Me revoici prisonnier d'une situation que je n'ai pas désirée, et malgré ma fatigue générale, je tente de saisir la corde avec mes mains qui me brulent de plus en plus.

Une voix rauque s'élève alors dans le silence de la grotte

« Ne t'agite pas, tu as été infecté, tes mains ont été coupées par les poils d'un Gruantak Noir. Tu devrais déjà être mort jeune Morat. Tu vas souffrir mille tortures et regretter ta venue au monde. Ils voulaient te jeter en pâture au Moriak, pour le bien de tous, mais je m'y suis opposé, pas par pitié, mais par besoin. »

Ces mots raisonnaient en moi comme des coups, chacun étant précautionneusement choisi, cinglant et froid comme une lame acérée. Tout en parlant, l'individu s'était approché de moi. Je pouvais enfin le distinguer.

L'homme, grand, atteignait sensiblement les deux mètres vingt. Son corps, d'un rouge sombre, semblait musculeux. Son visage, sévère, était encadré par deux superbes cornes ivoire d'où pendait deux grandes tresses multicolores,  symbole caractéristique des soldats sorcier Morat.

Il arborait avec fierté d'anciennes cicatrices, vestiges de nombreux combat, et n'était vêtu que d'un simple pagne.

Ses yeux jaunes semblaient me scruter jusqu'au plus profond de mon être.

« Mon dernier combat arrive et tu seras, si tu survis à cette journée, mon futur adversaire... »

Sur ces mots, il se retourna et se mis à entonner un chant dans le dialecte des Anciens tout en se dirigeant au fond de la grotte.

Le plus étrange dans cela, c'est que chaque phrase semblait faire réagir mon organisme.

Je fus pris de spasme et de convulsion et lorsque je voulus lui demander d'arrêter, je me mis à vomir une substance blanchâtre et laiteuse où semblait vivre une faune dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence.

Et soudain, le temps figea. Mes spasmes avaient laissé la place à la douleur.

Plus rien ne semblait avoir d'existence tangible, plus de temps, plus d'espace. Je n'étais que douleur, une poche de pus suintante d'infection qui la rongeait. Même mes hurlements ne s'échappaient plus de ma gorge. Je n'étais plus rien.

J'espérais quelque chose ou quelqu'un, qui viendrait abréger mes souffrances, percerait cette poche de douleur pour qu'enfin elle s'échappe.

Puis d'un seul coup, la douleur devint plus diffuse, semblant quitter mon être. Je restais là recroquevillé dans mes excréments couverts de vomi où s'égaillaient sans bruit des milliards de parasites aux allures d'insectes, attendant les prémisses de nouvelles douleurs.

Et j'eus l'impression de m'endormir...

[A suivre...]

[Mr gob]

Ah mais j'avais pas fait gaf que t'avais posté la suite ^^ C'est très agréable à lire ça fait plaisir!En tout cas c'est original!

[reptor]

Merci 

[secryde]

oui, c'est vraiment bien écrit...et en plus ça change de lire des compos (je dis sa contre personne, hein ?).